Politique Washington veut faire du climat une priorité du commerce mondial

ATS

15.4.2021 - 21:09

15.4.2021 - 21:09

Katherine Tai, la représentante du commerce des Etats-Unis, a plaidé jeudi en faveur de l'utilisation des règles du commerce international pour lutter contre le changement climatique, à quelques jours d'un sommet virtuel organisé par le président Joe Biden.

Le président Joe Biden lors d'un meeting.
Le président Joe Biden lors d'un meeting.
KEYSTONE

Le sommet sur le climat, prévu les 22 et 23 avril à l'initiative du président américain, doit rassembler virtuellement une quarantaine de dirigeants du monde.

«Pendant trop longtemps, la communauté commerciale traditionnelle a résisté à l'idée que la politique commerciale puisse être un outil légitime pour aider à résoudre la crise climatique», a déploré l'ambassadrice américaine dans son premier discours prononcé jeudi lors d'une conférence virtuelle organisée par le Center for American Progress, un institut politique américain.

«Comme nous l'avons si souvent vu avec les questions de (droits du) travail, on s'abrite derrière l'idée que tout cela est une affaire de politique intérieure et que nous n'avons pas besoin de nous attaquer à la tâche ardue de construire un consensus international autour de nouvelles règles», a-t-elle souligné.

Selon elle, ne pas intégrer les questions environnementales dans la réglementation du commerce international a conduit à ce que «les règles existantes de la mondialisation incitent à une pression à la baisse en matière de protection de l'environnement».

«A l'avenir, le commerce a un rôle à jouer», a-t-elle martelé.

L'administration Biden souhaite faire progresser à grands pas les Etats-Unis en matière de lutte contre le réchauffement climatique en adoptant un plan d'investissements massifs dans les infrastructures vertes, a-t-elle rappelé.

Mais les Etats-Unis doivent aussi travailler avec leurs partenaires commerciaux pour protéger la planète, «pour (...) atténuer les pressions climatiques et s'y adapter», a noté Katherine Tai.

Elle a cité «deux problèmes pratiques» en particulier: mettre un terme à l'exploitation forestière illégale et lutter contre la surpêche qui détruit l'écosystème marin.

Des progrès ont été faits mais on peut «faire plus», estime-t-elle.

«Les forêts sont les poumons de notre planète et nous devons utiliser des politiques commerciales et des mesures d'application du commerce pour les protéger».

«Nous ne traiterons véritablement ce problème à l'échelle mondiale que par le biais de règles mondiales», a-t-elle insisté.

Même chose pour résoudre la question de la pêche intensive et de la pollution des océans qui détruit le milieu marin.

«C'est pourquoi les négociations sur la pêche à l'OMC sont si cruciales», a-t-elle ajouté.

Chaînes d'approvisionnement

S'agissant de l'atténuation du changement climatique, «le développement de technologies, de biens et de services environnementaux innovants et le développement de chaînes d'approvisionnement internationales stratégiques pour le commerce seront essentiels», avance-t-elle.

De l'énergie propre aux véhicules à faibles émissions et à d'autres technologies, «un accès fiable à ces biens et services sera essentiel pour notre transition vers le zéro net d'ici 2050», a-t-elle encore commenté.

Le discours de Katherine Tai s'inscrit dans la ligne droite de la politique voulue par Joe Biden qui entend utiliser tous les ministères et pas seulement les agences chargées de l'environnement pour lutter contre le changement climatique.

En janvier, le président démocrate avait signé un décret signalant que le climat serait «un élément essentiel de la politique étrangère et de la sécurité nationale des Etats-Unis».

Il a récemment dévoilé un plan de plus de 2000 milliards de dollars pour des investissements dans les infrastructures au cours des huit prochaines années qui doit notamment donner un coup d'accélérateur sur le déploiement des voitures électriques ou la transition vers les énergies renouvelables.

Les efforts américains en matière de protection du climat ne devraient pas se traduire par une exportation d'industries polluantes vers des pays aux normes moins strictes, promet l'administration Biden.

Pour cela, seule une action mondiale et concertée peut permettre de relever ce défi.

ATS