YémenYémen: l'ONU déçue après des promesses d'1,7 milliard seulement
sn, ats
1.3.2021 - 19:33
La communauté internationale n'a pas répondu aux attentes de l'ONU face à la menace d'une famine au Yémen. Seul 1,7 milliard de dollars a été promis lors d'une conférence de donateurs coprésidée lundi par la Suisse. Berne va elle attribuer 14 millions de francs.
Le montant promis est inférieur au total reçu l'année dernière, lui-même alors à la moitié de ce que l'ONU avait demandé. Les organisations humanitaires ont dû diminuer ou fermer certains dispositifs.
Pour cette année, l'ONU avait estimé les besoins à près de 3,9 milliards de dollars (environ 3,56 milliards de francs). Le résultat est «décevant», a affirmé le secrétaire général Antonio Guterres, mentionnant seulement «un premier paiement» face aux défis.
L'ONU avait pourtant multiplié les mises en garde lors de cette conférence qu'elle coprésidait pour la quatrième fois avec la Suisse et la Suède. «La situation humanitaire n'a jamais été pire au Yémen», avait affirmé au début de la réunion M. Guterres.
«Nous pouvons choisir la voie de la paix ou laisser les Yéménites sombrer dans la pire famine qu'ait connue le monde depuis des décennies», a estimé de son côté le chef des affaires humanitaires Mark Lowcock, qui va prochainement quitter son mandat.
Blinken offensif
Plus de 20 millions de personnes au total ont besoin d'assistance, dont 16 millions sont en difficulté alimentaire. Et 5 millions de personnes pourraient être exposées directement à la famine qui affecte déjà plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Aux difficultés de plusieurs années de conflit s'est ajoutée la pandémie. «Les personnes qui souffrent déjà le plus sont particulièrement atteintes», a dit de son côté le conseiller fédéral Ignazio Cassis. «Comme les Yéménites», a-t-il encore ajouté.
Parmi les efforts annoncés lundi, l'Arabie saoudite, alliée du gouvernement yéménite dans le conflit contre les rebelles Houthis, a promis 430 millions de dollars. Et les Emirats arabes unis plus de la moitié. Soutien des Houthis, l'Iran a de son côté reproché à la coalition internationale d'avoir empêché l'acheminement de l'assistance humanitaire.
Affirmant la volonté du président Joe Biden d'être actif sur le Yémen, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé les rebelles à mettre un terme à leur offensive sur Marib qui a déplacé de nombreuses personnes. Il a demandé aux parties «de ne pas interférer» dans la distribution d'aide humanitaire depuis le sud du pays.
Les Etats-Unis ont promis l'équivalent de près de 180 millions de francs d'aide supplémentaire, plus que doublant son assistance cette année.
Appel lancé par Guterres
Côté suisse, Berne a donné plus de 70 millions de francs ces dernières années pour l'assistance humanitaire au Yémen. La Suisse soutient les activités d'organisations comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Celles-ci portent sur l'eau et l'assainissement, la sécurité alimentaire ou encore la protection des civils.
L'année dernière, le conflit a tué ou blessé plus de 2000 civils. Les violences ont provoqué une détérioration des infrastructures et moins d'un centre de santé sur deux est entièrement actif.
Le conseiller fédéral demande un accès humanitaire «sans entraves» et tient à ce que le droit international humanitaire (DIH) soit honoré. Aussi bien M. Cassis que M. Guterres et M. Blinken ont appelé à mettre un terme à cette guerre de plusieurs années qui a fait des dizaines de milliers de victimes.
Ils ont demandé un cessez-le-feu «immédiat» sur tout le territoire yéménite. Et d'avancer également dans les discussions politiques.