Zelensky devant l'ONU ll exhorte l'ONU à agir face aux «crimes de guerre» russes

ATS

5.4.2022 - 19:36

Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l'ONU à agir «immédiatement» contre la Russie au regard de ses «crimes de guerre» commis selon lui en Ukraine. Il a réclamé notamment son exclusion du Conseil de sécurité, alors que Moscou nie toute accusation d'exactions.

«Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre», a averti Zelensky devant l'ONU, en disant redouter la découverte «d'autres atrocités» commises par les forces Russes en Ukraine.
«Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre», a averti Zelensky devant l'ONU, en disant redouter la découverte «d'autres atrocités» commises par les forces Russes en Ukraine.
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«Maintenant, nous avons besoin de décisions du Conseil de sécurité pour la paix en Ukraine», a déclaré le président ukrainien dans un discours retransmis par vidéo. Il a demandé à l'ONU que la Russie soit «tenue responsable» pour ses «crimes de guerre» perpétrés selon lui en Ukraine depuis son invasion le 24 février.

Il a aussi exigé que la Russie soit exclue du Conseil de sécurité, dont elle est un des cinq membres permanents avec droit de veto, ou que le système onusien soit réformé, afin que «le droit de veto ne signifie pas le droit de tuer».

«Images épouvantables»

Le président ukrainien a ensuite fait diffuser devant le Conseil de sécurité une vidéo présentant des images très crues de personnes tuées en Ukraine. Ce sont des «images épouvantables», a déclaré l'ambassadrice britannique Barbara Woodward, en se disant «scandalisée». Plusieurs corps ou parties de corps figuraient sur ces images, sur un fond sonore accentuant la dramatisation.

Plus tard, devant le parlement espagnol, M. Zelensky a comparé la guerre en Ukraine au massacre de Guernica, petite ville du Pays basque espagnol bombardée en 1937 par l'aviation nazie en soutien des troupes franquistes durant la Guerre civile espagnole.

L'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassily Nebenzia, a à nouveau contesté les accusations d'atrocités visant l'armée russe. «Nous ne sommes pas venus en Ukraine conquérir des territoires», a-t-il affirmé. Moscou accuse les autorités ukrainiennes de préparer des «mises en scène» de civils tués dans plusieurs villes pour faire condamner le Kremlin.

Nouvelles sanctions

Après la France et l'Allemagne lundi, l'Italie, l'Espagne et la Slovénie ont à leur tour expulsé mardi en masse des diplomates russes, marquant une nouvelle dégradation des relations avec Moscou après la découverte des dizaines de cadavres près de Kiev. Au total, près de 200 diplomates russes ont été expulsés d'Europe en 48 heures.

Après l'onde de choc provoquée par la découverte ce week-end de nombreux cadavres à Boutcha, près de Kiev, où l'Ukraine accuse les Russes de massacre, Européens et Américains ont par ailleurs intensifié leur pression économique et diplomatique contre la Russie.

Le Trésor américain a annoncé mardi qu'il n'autorisait plus la Russie à rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines. La Grande-Bretagne a elle gelé 350 milliards de dollars du «trésor de guerre» du président russe Vladimir Poutine, a déclaré mardi la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss.

L'Union européenne a de son côté promis de nouvelles sanctions «cette semaine» contre la Russie. La Commission européenne a proposé que les Vingt-Sept cessent leurs achats de charbon russe, qui représentent 45% des importations de l'UE, et qu'ils ferment leurs ports aux bateaux opérés par des Russes.

Besoin d'armes

Sur Twitter, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé l'UE à imposer à Moscou «la mère de toutes les sanctions» afin d'"empêcher de 'nouveaux Boutchas'». «Cessez d'acheter du pétrole, du gaz et du charbon à la Russie. Cessez de financer la machine de guerre» de Vladimir Poutine, a-t-il ajouté. Un conseiller de M. Zelensky, Mykhaylo Podoliak, a quant à lui appelé l'Europe à donner «des armes lourdes aujourd'hui» à l'Ukraine.

Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a proposé de «surveiller» les livraisons alimentaires vers les pays «hostiles» au Kremlin, «sur fond de pénurie alimentaire mondiale».

«Phase cruciale»

Sur le théâtre militaire, plusieurs bombardements ont touché dans la nuit de lundi à mardi Kramatorsk, grande ville contrôlée par Kiev dans l'est de l'Ukraine. Dans cette région, le ministère ukrainien de la Défense dit s'attendre à une «offensive» de «l'ennemi» en vue de prendre «le contrôle de l'ensemble des régions de Lougansk et de Donetsk».

Après le récent retrait des troupes russes qui assiégeaient Kiev et sa région, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a estimé que la Russie se renforçait pour «prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass», dans l'est de l'Ukraine, et réaliser «un pont terrestre avec la Crimée», annexée par Moscou en 2014.

«Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre», a-t-il averti, disant redouter la découverte «d'autres atrocités» commises par les forces Russes en Ukraine.

Depuis lundi la Russie a nié toute responsabilité dans le «massacre» dont l'accuse Kiev à Boutcha. Mais pour le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, «tous les signes pointent vers le fait que les victimes [de Boutcha] ont été ciblées délibérément et tuées directement. Et ces preuves sont très inquiétantes».

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pour sa part dénoncé une «campagne délibérée pour tuer, torturer, violer, commettre des atrocités». «Ce que nous avons vu à Boutcha n'est pas l'acte isolé d'une unité dévoyée. C'est une campagne délibérée pour tuer, torturer, violer, commettre des atrocités», a-t-il déclaré.

Images satellites

Des images satellite publiées lundi par la société américaine Maxar Technologies semblent aussi réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres de personnes en vêtements civils trouvés à Boutcha y ont été placés après que les troupes russes avaient évacué les lieux.

Dans le sud-est, Marioupol a «dépassé le stade de la catastrophe humanitaire», a affirmé Vadim Boïtchenko, le maire de ce grand port assiégé par l'armée russe. Il a qualifié d'"invivable» la situation des quelque 120'000 habitants toujours sur place.

La ville, qui comptait près d'un demi-million d'habitants avant la guerre, est détruite «à 90%», avait annoncé lundi M. Boïtchenko. Sept couloirs humanitaires sont prévus mardi pour continuer d'évacuer tant bien que mal les civils encore bloqués dans la ville, a indiqué Iryna Verechtchouk, vice Premier ministre d'Ukraine.