Ukraine Zelensky dissout le Parlement ukrainien

ATS

20.5.2019 - 18:21

Beaucoup s'interrogent sur la capacité de Volodymir Zelensky à diriger un pays toujours confronté à d'immenses défis, en premier lieu la guerre qui a fait près de 13'000 morts en cinq ans.
Beaucoup s'interrogent sur la capacité de Volodymir Zelensky à diriger un pays toujours confronté à d'immenses défis, en premier lieu la guerre qui a fait près de 13'000 morts en cinq ans.
Source: KEYSTONE/EPA/SERGEY DOLZHENKO

Investi président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky a aussitôt annoncé lundi des législatives anticipées. Il s'attaque bille en tête à une classe politique hostile à un novice qui a promis de transformer un pays en guerre et en difficultés économiques.

L'investiture de Volodymyr Zelensky, comédien devenu à 41 ans le plus jeune président de l'Ukraine post-soviétique, ouvre une nouvelle ère pour cet Etat indépendant depuis moins de 30 ans.

Elu en capitalisant sur la défiance des Ukrainiens envers leurs élites avec ses promesses de mettre fin à la corruption et de «casser le système», il affronte une tâche titanesque, avec un conflit avec des séparatistes prorusses qui a fait 13'000 morts en cinq ans sans qu'une solution politique ne se dessine, mais des capacités à agir très limitées sans troupes politiques.

Parlement dissous

«Je dissous le Parlement», a-t-il lancé dans son discours d'investiture dans l'hémicycle, exhortant également les ministres à démissionner, même si la loi n'oblige le gouvernement à partir qu'après les législatives.

En réponse, le Premier ministre Volodymyr Groïsman, en poste depuis trois ans, a annoncé sa démission dans la soirée, mettant en avant ses désaccords avec le nouveau président, sans les nommer.

«Je considère que, par sa déclaration, il assume toute sa responsabilité face aux menaces» pesant sur le pays, a déclaré M. Groïsman. Pour les observateurs, sa décision, qui doit encore être approuvée par le Parlement, lui permettra de mener plus librement sa campagne législative en se positionnant en adversaire de M. Zelensky.

Victoire écrasante

Ce dernier cherche à profiter de l'élan de sa victoire écrasante (73% des voix) pour remporter des législatives anticipées, sans attendre le scrutin prévu en octobre. Son parti «Serviteur du peuple», pour l'instant quasi-inexistant, est crédité de jusqu'à 40% des intentions de vote par les derniers sondages.

Si les détracteurs du nouveau président crient à «l'arbitraire juridique» et dénoncent une décision non conforme à la Constitution, certains d'entre eux ont aussitôt annoncé leur participation aux législatives anticipées, qui pourraient avoir lieu en juillet.

Volodymyr Zelensky s'engage à maintenir le cap pro-occidental de cette ex-république soviétique. Mais son programme reste flou et son équipe largement inconnue: à ce jour, il n'a fait aucune nomination ou même annonce d'un candidat à un poste officiel.

Et beaucoup s'interrogent sur sa capacité à diriger un pays toujours confronté à d'immenses défis, en premier lieu la guerre.

«Terminer» la guerre

«Notre première tâche, c'est d'arriver à un cessez-le-feu dans le Donbass», le bassin houiller en partie contrôlé par les séparatistes dans l'est du pays, a-t-il assuré dans son discours d'investiture, provoquant une salve d'applaudissements de députés. «Nous n'avons pas commencé cette guerre, mais c'est à nous de la terminer».

«Je suis prêt à tout», à «perdre ma popularité», voire «mon poste pour obtenir la paix» et «faire revenir les territoires perdus» : le Donbass et la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014, a encore assuré M. Zelensky, arrivé à pied au Parlement depuis son domicile proche, faisant des selfies avec ses partisans massés le long des barrières.

Il s'est ensuite plié aux rituels de l'investiture, prêtant serment, la main droite posée sur la Constitution de ce pays indépendant depuis 1991, et un Evangile du 16e siècle.

Poutine attend pour féliciter

Peu ont pris au sérieux l'acteur et humoriste quand il a annoncé sa candidature le 31 décembre. Mais à l'issue d'une campagne inédite, jouée essentiellement sur les réseaux sociaux, il a écrasé son prédécesseur Petro Porochenko.

Si les alliés de Kiev ont chaleureusement accueilli l'élection de M. Zelensky, la Russie, accusée par Kiev et l'Occident de soutenir militairement les séparatistes prorusses, a fait savoir qu'elle n'entendait pas changer sa politique vis-à-vis de l'Ukraine.

Aucun responsable russe n'était invité à l'investiture. Vladimir Poutine attend «ses premiers succès dans la normalisation des relations ukraino-russes» pour le féliciter, s'est borné à dire le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Retour à la page d'accueil

ATS