Il veut des armes lourdes Zelensky est prêt à recevoir Scholz à Kiev

ATS

13.4.2022 - 11:52

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite toujours instamment la venue à Kiev du chancelier Olaf Scholz, dont il attend rapidement des livraisons d'armes lourdes, a affirmé mercredi un de ses conseillers. De son côté, le ministère russe de la Défense annonce la reddition de plus de 1000 soldats ukrainiens à Marioupol.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le chancelier allemand Olaf Scholz s'étaient rencontrés à Kiev le 14 février 2022, au milieu des craintes d'une invasion russe. (archives)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le chancelier allemand Olaf Scholz s'étaient rencontrés à Kiev le 14 février 2022, au milieu des craintes d'une invasion russe. (archives)
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«Notre président attend le chancelier pour qu'il puisse prendre immédiatement des décisions pratiques, y compris la livraison d'armes», a déclaré Oleksiï Arestovitch, conseiller du président Zelensky, sur la chaine publique allemande ZDF.

En particulier, le sort de Marioupol et de la population à l'est du pays «dépend des armes allemandes que nous pouvons obtenir», mais qui ne viennent pas, a affirmé M. Arestovitch.

Cette invitation pressante et renouvelée intervient sur fond de crispations entre l'Allemagne et l'Ukraine, après le refus mardi du président Zelensky de recevoir le président allemand Frank-Walter Steinmeier qui souhaitait se rendre à Kiev avec des délégations de Pologne et des pays baltes.

Un «affront inutile» selon der Spiegel, qui a provoqué surprise et irritation en Allemagne, pas seulement dans le camps des sociaux-démocrates, parti de M. Steinmeier.

Le chef d'Etat allemand, dont le rôle est largement protocolaire, est critiqué pour sa diplomatie de rapprochement avec la Russie lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères d'Angela Merkel. Il a toutefois récemment fait son mea culpa, reconnaissant avoir commis des «erreurs» à l'époque.

L'Ukraine juge l'Allemagne globalement trop timorée dans son soutien. Le conseiller a cependant noté les progrès de Berlin qui avait «commencé par le refus» pour en arriver à «la discussion de la fourniture d'armes lourdes.»

«Entraînés dans la guerre»

Le pays livre déjà des armes défensives à l'Ukraine mais Olaf Scholz est depuis plusieurs jours sous pression, au sein même de sa majorité, pour donner son feu vert à l'envoi de matériel offensif, notamment des blindés.

Les ministres des Affaires étrangères et de l'Economie, poids lourds écologistes du gouvernement, ont appelé le chancelier à trancher en faveur de ces livraisons, tandis que la ministre de la Défense social-démocrate répète à l'envi que les réserves de la Bundeswehr sont épuisées.

«Il n'y en a qu'un qui doit montrer le chemin: c'est le chancelier Olaf Scholz», a déclaré Marie-Agnes Strack-Zimmermann, cheffe de la commission défense au Bundestag et membre des Libéraux, alliés de M. Scholz au gouvernement. Elle a de nouveau appelé le discret chancelier à se comporter «en chef» dans un entretien au quotidien Die Welt.

Mais la livraison de matériel militaire lourd se heurte toujours à des résistances au sein du SPD. Le député Joe Weingarten a pointé le danger de se laisser «progressivement entraîner dans la guerre».

«Est-il réaliste de vaincre la Russie en Ukraine avec des chars allemands?», s'interroge-t-il dans le quotidien Die Welt. D'autres estiment qu'une telle décision pourrait être prise seulement en cas de nouvelle escalade russe, notamment l'emploi éventuel d'armes chimiques.

L'Ukraine voit les choses autrement. Le temps presse car «pour chaque minute où un char ne vient pas, ce sont nos enfants qui meurent, qu'on viole, qu'on tue», a assené M. Arestovitch.

Les autorités allemandes «ont vu les images terribles» du conflit, qui rappellent selon lui la destruction de Berlin en 1945: ce que fait l'armée russe en Ukraine «n'est pas différent».

Marioupol: plus de 1000 soldats ukrainiens se rendent

Par ailleurs, plus d'un millier de soldats ukrainiens se seraient rendus aux forces russes à Marioupol, la cité portuaire du sud-est de l'Ukraine, assiégée depuis des semaines, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense.

«Dans la ville de Marioupol, dans la zone de l'usine métallurgique Ilitch (...) 1026 militaires ukrainiens de la 36ème brigade marine ont volontairement déposé les armes et se sont rendus», a indiqué le ministère dans un communiqué, précisant qu'il y avait 47 femmes et 126 officiers parmi eux.

Selon cette source, 150 d'entre eux étaient blessés et ont été pris en charge à l'hôpital de la Marioupol. Dans la nuit de mardi à mercredi, un reportage de la télévision publique russe diffusé sur Rossiïa 24 annonçait la reddition de plus d'un millier de soldats ukrainiens dans cette localité.

Les images montraient des hommes en tenue de camouflage transportant des blessés sur des brancards ou interrogés, debout, dans ce qui semble être une cave.

Mardi, les autorités régionales du sud-est de l'Ukraine ont évalué à au moins 20'000 morts le nombre de victimes à Marioupol, bombardée depuis plus de 40 jours.

Les combats sur concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de la ville. Prendre Marioupol permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière longeant la mer d'Azov en reliant la région du Donbass à la péninsule de Crimée, qu'ils ont annexée en 2014.