C'est officiel Zemmour candidat pour «sauver» la France

ATS

30.11.2021 - 22:35

Pour que les Français «se sentent de nouveau chez eux»: le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a officialisé mardi sa candidature à la présidentielle dans une vidéo au ton dramatique, suivie d'une interview tendue sur TF1.

«J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle», a-t-il annoncé, en lisant un texte derrière un micro d'époque, mimant l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.

L'annonce du polémiste est venue conclure une pré-campagne agitée, marquée par une percée fulgurante dans les sondages suivie d'un ressac ces derniers jours.

Images utilisées sans accord

Rythmée par le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, la vidéo aux accents nostalgiques, enregistrée il y a deux semaines et diffusée sur les réseaux sociaux, mêle scènes de violences urbaines, archives du «pays de Notre-Dame-de-Paris et des clochers» ou extraits de films.

Le distributeur de cinéma Gaumont et plusieurs médias ont aussitôt dénoncé l'utilisation d'images sans leur accord. Ils réclament le retrait des extraits et envisagent des poursuites, quand le camp Zemmour invoque le «droit de courte citation».

Français «exilés de l'intérieur»

Dans la vidéo qui comptait 1,2 millions de vues en début de soirée, l'ancien éditorialiste de CNews et du Figaro, qui apparaît devant une bibliothèque, s'adresse aux Français «exilés de l'intérieur», ceux qui «se sentent étrangers» dans leur «propre pays».

Condamné à deux reprises par le passé pour provocation à la haine raciale, il se présente pour «sauver» la France «en train de disparaître» et «pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis» .

A quatre mois et demi de la présidentielle, le polémiste de 63 ans renvoie dos-à-dos les «bien-pensants», les «élites», universitaires, journalistes, syndicalistes, ainsi que les «islamo-gauchistes» et les tenants de «la théorie du genre».

Baker,"modèle d'assimilation»

Au même moment le président Emmanuel Macron rendait hommage à «l'universalisme» de Joséphine Baker, qui a fait son entrée au Panthéon mardi.

Au 20h00 de TF1, Eric Zemmour a loué chez elle un «prénom français», «l'exemple même d'un modèle d'assimilation à l'ancienne que je veux restaurer et que nos élites, en particulier Emmanuel Macron, détestent et rejettent».

Le nouveau candidat est apparu tendu face à son intervieweur Gilles Bouleau, à qui il a reproché en fin d'entretien de ne pas l'avoir interrogé sur son projet. Il tiendra son premier meeting de campagne dimanche au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis de manifester pour faire «taire Zemmour».

«Sinistre mise en scène»

Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé la «vidéo absolument ignoble» d'Eric Zemmour. Son discours est «lugubre», juge Sébastien Chenu, au RN, embarrassé par cette candidature concurrente de celle de Marine Le Pen à l'extrême droite.

Gauche et droite ont reproché à Eric Zemmour la «sinistre mise en scène» (Olivier Faure, PS) d'un «obsessionnel de la tradition» (Jean-Luc Mélenchon, LFI), un candidat qui veut «fracturer» la France (Damien Abad, LR).

Sondages en baisse

Le polémiste sort d'une visite chahutée à Marseille conclue samedi par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Il se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 13% d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (23-24%) et Marine Le Pen (19-20%).

Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo.

Processus d'investiture des LR

L'auteur du «Suicide français» veut parasiter le processus d'investiture des LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, après un dernier débat mardi soir.

Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration et l'islam, une «civilisation» qu'il juge «incompatible avec les principes de la France».

Le plus dur commence avec la récolte des 500 parrainages d'élus nécessaires à sa candidature. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.

Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300'000 euros. Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart.