PeintureAlexandre Loye reçoit le Prix Jacqueline Oyex 2023
bu, ats
10.4.2023 - 10:00
Le peintre Alexandre Loye, basé à Lausanne depuis le début des années 90, vient de recevoir le Prix Jacqueline Oyex 2023. Pour lui, «Peindre, c'est la vie et réciproquement».
Keystone-SDA, bu, ats
10.04.2023, 10:00
10.04.2023, 10:23
ATS
«Il y a longtemps que je connais Alexandre Loye et je l'ai tout de suite aimé», a dit l'historien de l'art Michel Thévoz et conseiller scientifique de la Fondation Jacqueline Oyex la semaine dernière au Musée Forel à Morges. «Il a réussi le métissage entre l'enfance et l'âge adulte. Les artistes vivent généralement une coupure en arrêtant de dessiner avant de s'y remettre plus tard.» Ce n'est pas le cas de l’artiste d’origine valaisanne.
Alexandre Loye a choisi de s'exprimer par la peinture dès l'âge de 17-18 ans après avoir commencé à dessiner dès 13 ans, a-t-il dit à Keystone-ATS. Même ses études aux Beaux-Arts de Genève, la Head, n'ont pas réussi à le dissuader de ce choix radical.
Peindre en 2022
Plus de 30 ans après avoir pris cette décision, le Valaisan, âgé de 51 ans, n'a aucun regret. «La peinture peut tout à fait parler de notre monde», estime-t-il.
Alexandre Loye, qui se qualifie de «technoréticent», se considère comme un peintre dans sa définition la plus traditionnelle. Il peint tous les jours et, pour donner l'ampleur de sa production, il réalise près de 500 tableaux, de toutes les tailles, en deux ans.
«Il y en a beaucoup trop». Le peintre les stocke dans différents lieux, en détruit parfois, mais il tient un carnet avec un croquis de chacune de ses toiles.
Quand on lui parle de deadline, Alexandre Loye donne une réponse qui claque: «mon espérance de vie». «Je ne travaille pas pour exposer, même si j'apprécie les expositions.» Le coeur du processus se passe à l'atelier quand il y a parfois rencontre entre la matière et la pensée. «Je vis de cela et je pourrais difficilement m'en passer.»
Une figuration inventée
L'artiste peint des choses qui l'entourent comme la ville – ou la relation de la ville avec ce qui reste de nature -, les constructions, les affiches, les publicités, les avions dans le ciel: «De façon figurative, mais une figuration inventée».
Quand il ne peint pas, il noircit ses carnets de textes et de dessins. L'écriture est, elle aussi, quotidienne.
En 2020, le Manoir de la Ville de Martigny lui consacre sa première grande exposition.
Le peintre a grandi dans un petit village de montagne en Valais où ses parents, également artistes, résident toujours, apprend-on dans un livre, consacré à son travail: «Vous êtes ici», paru aux Editions art&fiction. Michel Thévoz participe également à cet ouvrage.
Il se passionne pour la bande dessinée, d'André Franquin à RobertCrumb avant de passer à la peinture sous l'impulsion de la figuration libre, des néo-expressionnistes et de Jean Dubuffet.
Neuve Invention
Des toiles et des gravures d'Alexandre Loye ont été achetées par la Fondation Jacqueline Oyex et offertes au Musée Forel. On peut les voir à Morges au coeur d'une exposition consacrée à cette artiste vaudoise, Jacqueline Oyex (1931-2006), figure emblématique de la «Neuve Invention», une collection, liée au Musée de l'art brut de Lausanne, qui regroupe des œuvres, réalisées par des artistes en porte-à-faux avec le milieu culturel régi par les galeries et musées.
Ses toiles frappent par l'épaisseur de la peinture, à l'opposé des lignes effilées de ses gravures, peut-on lire dans le carton d'invitation. Ces deux approches se rejoignent à la fin de sa vie. Internée dans un home médicalisé à la suite de graves crises de dépression, elle trace des figures sommaires au crayon ou à la peinture au doigt.
Le cinéaste Francis Reusser a consacré un court-métrage à la peintre vaudoise que l'on peut voir au Musée Forel. L'exposition court jusqu'au mois de juillet.
La prochaine exposition d'Alexandre Loye se tiendra elle du 27 mai au 30 juin à la Galerie Oblique à St-Maurice en Valais.