MASI de Lugano Des clichés inédits du photographe suisse Werner Bischof

sifo, ats

17.2.2023 - 10:01

Le MASI, le Musée d'art de Lugano, dévoile une exposition dédiée à Werner Bischof «Unseen Colors» jusqu'au 2 juillet. On y découvre le travail en couleur du photographe zurichois, mort à 38 ans en 1954 dans les Andes, plutôt connu pour ses reportages en noir et blanc.

Une centaine de tirages couleur de Werner Bischof sont exposés pour la première fois à Lugano.
Une centaine de tirages couleur de Werner Bischof sont exposés pour la première fois à Lugano.
ATS

17.2.2023 - 10:01

L'exposition a été conçue en collaboration avec la Fondation suisse pour la photographie à Winterthour, où elle sera visible après Lugano, ont indiqué les organisateurs lors d'une conférence de presse la semaine dernière.

Présent sur place, Marco, le fils aîné de Werner Bischof, a dévoilé les secrets de ce «trésor caché» découvert dans les archives de son père, «Estate Werner Bischof», qu'il dirige depuis 30 ans.

Sont exposés au MASI, pour la première fois, 100 tirages numériques couleur tirés de négatifs originaux datant de 1939 à 1950, restaurés pour l'occasion.

Trésor caché

Ludovica Introini, commissaire de l'exposition, a également décrit les photos en couleurs de Werner Bischof comme la découverte d'un «trésor». En 2016, Marco Bischof a fouillé dans les archives de son père et a trouvé des centaines de négatifs sur plaque de verre de 6,5x9 cm, pensant initialement qu'il s'agissait de photos en noir et blanc.

La surprise est venue lorsqu'en les analysant de plus près, on a découvert «des intensités différentes, comme les couches d'une seule image de la superposition desquelles résulte la photographie en couleur», peut-on lire dans les notes.

Expérimentation des couleurs

L'exposition est divisée en trois parties, à l'image des trois appareils utilisés par Werner Bischof pour réaliser ces photographies en couleur: un Devin Tri-Colour Camera, un Rolleiflex et un Leica qui sont également exposés. Chacun a ses propres particularités et permet au photographe d'expérimenter les couleurs.

Les clichés pris par Werner Bischof entre 1939 et 1949 avec la Devin Tri-Colour Camera sont particulièrement frappants. La caméra, qui fonctionne avec des plaques de verre, garantit une haute résolution.

Les premières photos de cette section surprennent par leurs couleurs vives ainsi que par leurs formes et leur modernité. Ce sont des photos de studio, une expérience avec les couleurs pour Werner Bischof, qui photographie un chat, une pomme ou une fleur: des choses et des animaux communs mais que le format particulier rend étranges.

L'autre facette d'un journaliste

Werner Bischof a su saisir le «potentiel de la couleur en tant que moyen d'expression, faisant de celle-ci un élément fondamental de son processus créatif», selon le MASI. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, Werner Bischof abandonne le studio photo pour retourner sur le terrain et photographier les villes allemandes d'après-guerre, cette fois en couleur. Ces images, prises en 46, «transmettent une atmosphère de suspension, grâce au cadrage étudié, qui contraste fortement avec les détails et les couleurs vives», lit-on plus loin.

En 1949, Werner Bischof rejoint la prestigieuse agence Magnum. A la fin des années 1940 et au début des années 1950, il se procure un Rolleiflex, qui, avec son format carré, lui permet de prendre des photos «artistiques». Parmi elles, «Oil Paper Umbrella, Kyoto, Japan» (1951), qui représente un parapluie jaune couché dans la boue. Ici, le contraste apporté par l'utilisation des couleurs est saisissant.

Le dernier voyage

Le Leica, petit et polyvalent, était le compagnon de voyage idéal et Werner Bischof l'a emporté avec lui en 1953 pour explorer le continent américain du nord au sud. De New York à l'explosion de couleurs au Mexique, avec une visite de la maison de la peintre Frida Khalo, en passant par le Pérou.

Dans ce qui sera pour lui le «grand voyage», mais aussi le dernier. Le 16 mai 1954, Werner Bischof perd la vie à seulement 38 ans dans un accident de voiture dans les Andes, au Pérou. Il laisse derrière lui le petit Marco et sa femme Rosellina, qui neuf jours plus tard donne naissance à leur deuxième fils Daniel à Zurich.

sifo, ats