Centre Pompidou-Metz Eva Aeppli expose pour la première fois

ATS

6.5.2022 - 11:57

Le Centre Pompidou-Metz consacre dès samedi une rétrospective à l'artiste suisse Eva Aeppli, la première en France consacrée à cette sculptrice connue pour ses figures textiles mais «restée dans l'ombre» du Nouveau Réalisme des années 60.

L'artiste bâloise Eva Aeppli, photographiée l'été 1994 avec des bustes en tissu qu'elle a créés au Kunstmuseum de Soleure.
L'artiste bâloise Eva Aeppli, photographiée l'été 1994 avec des bustes en tissu qu'elle a créés au Kunstmuseum de Soleure.
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Eva Aeppli, née en 1925, s'installe avec son mari Jean Tinguely à Paris en 1952 où le couple fréquente Daniel Spoerri et Niki de Saint Phalle. Mais «elle n'a jamais eu son grand moment, on ne s'est jamais concentré sur son oeuvre», explique Anne Horvath, une des commissaires de l'exposition.

Il était donc «important» d'exposer l'oeuvre «foisonnante» de cette artiste «énigmatique et radicale» de la seconde moitié du XXe siècle, ajoute-t-elle.

Oeuvres les plus remarquables d'Eva Aeppli, ses sculptures en textile à taille humaine et aux visages très expressifs, sont exposées en «dialogue» avec les réalisations de ses contemporains.

Comme «La Table», une de ses oeuvres majeures des années 60, où treize personnages sont installés autour d'une table, rappelant La Cène de Léonard de Vinci tout en la réinventant. Au centre, la figure du Christ est remplacée par celle de la Mort «pour figurer les crimes qui ont été commis au XXe siècle», comme l'explique Eva Aeppli dans une lettre envoyée à une étudiante en 1999, le seul écrit de sa carrière où elle expliquera son art.

Face à Andy Warhol

En face, tel un miroir, le musée a choisi d'exposer une gigantesque toile d'Andy Warhol, «The Last Supper». Elle fait partie d'une des dernières séries produites par l'artiste phare du pop art, dans laquelle il réinterprète en noir et blanc le célèbre tableau de Vinci en l'affublant de deux logos de marques de cigarettes américaines.

Durablement marquée par la seconde guerre mondiale, Eva Aeppli va «comme beaucoup d'artistes», exprimer «son désarroi face à l'inexplicable» dans plusieurs de ses réalisations, décrypte Anne Horvath. Ainsi, dans le «Groupe des 13», 13 figures de textile assises sur des chaises, trois sont laissées vides «pour accentuer le caractère dramatique de l'installation», hommage à Amnesty International, dont elle a été membre.

Et avec «Les sept juges», sept sculptures assises en rang semblant sortir tout droit de sa toile «L'Aube», elle représente ceux qui ont jugé les crimes contre l'humanité, expose Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz et également commissaire de l'exposition.

Aux côtés des sculptures de l'artiste, décédée à Honfleur en 2015, le Centre Pompidou-Metz présente dessins et peintures, des objets auxquels elle était attachée et ses célèbres «Livres de vie», de grands carnets dans lesquelles elle collait lettres de ses proches, dessins de ses enfants ou encore photos de ses oeuvres.

L'exposition «Le musée sentimental d'Eva Aeppli» se tient du 7 mai au 14 novembre.