Bande dessinée Exposition de la dessinatrice française Catherine Meurisse à Bâle

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4.11.2021 - 17:54

Le Cartoon Museum de Bâle consacre une rétrospective à la dessinatrice française Catherine Meurisse. L'exposition «L'humour au sérieux» est visible jusqu'au 13 mars prochain.

Le Cartoon Museum à Bâle consacre une rétrospective à la dessinatrice française Catherine Meurisse.
Le Cartoon Museum à Bâle consacre une rétrospective à la dessinatrice française Catherine Meurisse.
ATS

Keystone-SDA, me, ats

Catherine Meurisse est née en 1980. Elle est depuis 2020 la première dessinatrice de bandes dessinées membre de l'Académie des beaux-arts. Dessinatrice, autrice, caricaturiste, reporter et illustratrice d'albums pour la jeunesse, elle a notamment travaillé pour Le Monde, Libération, les Echos ou encore L'Obs.

Attentat contre Charlie Hebdo

Elle a été la première femme illustratrice de Charlie Hebdo où elle a fait partie de la rédaction pendant une dizaine d'années. Le 7 janvier 2015, elle a échappé à l'attentat contre le magazine satirique parce qu'elle était en retard ce jour-là pour la séance de rédaction.

En 2016, elle a publié «La légèreté», un ouvrage dans lequel elle raconte l'assassinat de ses collègues, son traumatisme, ses souvenirs et le parcours qu'elle entame pour revenir à la vie.

«La légèreté» et l'album suivant «Les grands espaces», publié en 2018, ont été pour la dessinatrice une véritable «thérapie» pour effacer «le traumatisme de l'attentat», a-t-elle confié jeudi dans un entretien à Keystone-ATS. Dans «Les grands espaces», elle raconte son enfance à la campagne dans la ferme de ses parents, ses liens avec la nature et ses premiers dessins.

«Conjurer la mort»

De «La légèreté», elle avait dit à l'époque que «c'est un livre qui, pour conjurer la mort, regarde le vivant avec des yeux exorbités». Aujourd'hui, elle n'a plus les yeux exorbités, mais elle les garde bien ouverts.

Après ces deux ouvrages, Catherine Meurisse a effectué deux séjours au Japon en 2018 et 2019 qui lui ont inspiré son dernier ouvrage, «La jeune femme et la mer». Elle a commencé à écrire le scénario en mars 2020 alors que la pandémie de coronavirus éclatait. L'histoire traite de la relation entre les humains et la nature.

«En colère»

Même si le livre n'évoque pas directement la pandémie, celle-ci a influencé le scénario. «J'étais en colère contre l'arrogance humaine face à la nature», explique-t-elle. L'être humain empiète toujours plus sur le territoire des animaux sauvages, ce qui le met donc en contact avec des virus, avec les conséquences que l'on connaît, explique-t-elle.

Après Charlie Hebdo, Catherine Meurisse a totalement abandonné le dessin de presse à caractère politique. «Je n'en referai plus jamais», affirme-t-elle. A l'immédiateté du dessin de presse, elle préfère aujourd'hui le rythme plus lent de la création d'un récit de bande dessinée.

Les ouvrages de Catherine Meurisse sont truffés de références à la peinture, notamment Rothko, Munch ("Le cri"), Delacroix, à qui elle a consacré une bande dessinée, Hokusai ("La grande vague de Kanagawa"), Le Caravage ou encore Théodore Géricault ("Le radeau de la méduse"). Se mettre à la peinture la tente, mais elle préfère le format de sa table de dessin et le récit, confie-t-elle.

Dessins, planches et esquisses

La rétrospective, la première dans l'espace germanophone, présente des dessins originaux de toutes les publications pour lesquelles Catherine Meurisse a travaillé, notamment des couvertures de Charlie Hebdo. On peut aussi y voir des planches et des esquisses de ses bandes dessinées.

Catherine Meurisse a reçu récemment le Grand Prix Töpffer de la bande dessinée pour l'ensemble de son oeuvre. Le prix lui sera remis officiellement le 3 décembre à Genève.