Picasso et El Greco «dialoguent» au Kunstmuseum de Bâle dans le cadre d'une exposition temporaire visible jusqu'au 25 septembre. Plus de septante oeuvres des deux artistes sont présentées.
Keystone-SDA, me, ats
09.06.2022, 15:07
09.06.2022, 15:29
ATS
L'exposition «Picasso – El Greco» met en lumière l'intérêt de Pablo Picasso (1881-1973) pour Domeniko Theotocopoulos, plus connu sous le nom d'El Greco (1541-1614). Il a fallu dix ans pour concrétiser le projet.
Au total, 74 oeuvres sont exposées, dont onze proviennent des collections du Kunstmuseum. «On s'est mis à genoux, on a supplié» pour que certains musées prêtent des oeuvres qui montrent spécifiquement la relation entre Picasso et El Greco, a déclaré jeudi Josef Helfenstein, directeur de l'institution bâloise, lors de la présentation de l'exposition.
Influence jusque dans les oeuvres tardives
On connaissait déjà l'influence qu'El Greco avait sur Picasso dans ses premières phases de création jusqu'à la période bleue. L'exposition du Kunstmuseum montre que cette influence a été non seulement plus importante qu'on le pensait, mais aussi beaucoup plus longue, jusque dans ses tableaux cubistes et dans ses oeuvres plus tardives.
Les similarités entre les deux artistes se retrouvent dans les portraits, dans la construction des oeuvres ou dans le choix des couleurs. El Greco était très moderne pour son temps et l'exposition montre à merveille l'influence qu'il a eue sur le cubisme, souligne Carmen Giménez, curatrice et à l'origine du projet d'exposition.
Picasso «discute, dialogue avec El Greco»
L'influence des anciens est très forte chez Picasso. «J'ai l'impression que Delacroix, Giotto, Tintoret, Greco, tous ceux-là, et tous les peintres d'aujourd'hui, les bons et les mauvais, les abstraits et les pas abstraits, qu'ils sont tous là derrière mon dos à me regarder pendant que je travaille», avait déclaré l'artiste. Picasso «discute, dialogue avec El Greco», selon sa fille Paloma, présente jeudi à Bâle.
Le dialogue entre les deux artistes est frappant lorsqu'on regarde «Le mousquetaire» (Picasso, 1967) et «Portrait d'un homme de la Maison de Leiva» (El Greco, 1580-1585) ou encore «Nu assis» (Picasso, 1909-1910) et «La Pénitente Magdalène» (El Greco, 1580-1585). Il est aussi spectaculaire dans la confrontation entre les deux tableaux «Le couple» (Picasso, 1967) et «Le Christ prenant congé de sa Mère» (El Greco, 1595).
Lien très fort entre Picasso et Bâle
La fille de Picasso a rappelé le lien très fort qui unissait son père à la ville de Bâle. En 1967, les citoyens bâlois avaient accepté en votation que le canton de Bâle-Ville achète deux oeuvres de Picasso. «Ce vote a touché mon père», a rappelé Paloma Picasso. Peu après le vote, l'artiste a offert quatre tableaux au Kunstmuseum. Le musée bâlois possède 300 oeuvres du peintre espagnol.
Des musées et des collections privées du monde entier ont prêté des oeuvres majeures pour l'exposition bâloise. Il s'agit notamment du Musée du Greco (Tolède), du Musée national du Prado (Madrid), du Musée Picasso (Barcelone), du Musée national Picasso (Paris), du Metropolitan Museum of Art (New York), du Solomon R. Guggenheim Museum (New York) et du Musée du Louvre (Paris).