Joyeux anniversaireGuitariste brésilien et Nyonnais de coeur, Barrense-Dias a 90 ans
ll, ats
1.9.2022 - 11:42
Le guitariste et chanteur brésilien José Barrense-Dias va fêter ses 90 ans le 23 septembre. L'artiste dont la musique s'inspire de ses racines a déposé ses valises en 1968 à Nyon, dans un modeste immeuble où il vit toujours. La ville lui rend hommage lundi. Toujours en forme, il se produira le 9 septembre sur l'Esplanade des Marronniers.
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ATS
Sa mémoire est intacte, ou presque. «Lorsque j'ai voulu faire un recueil des chansons que j'ai apprises quand j'étais petit, les mélodies me sont revenues facilement, mais certaines paroles, je ne m'en souvenais pas. Avec l'autohypnose, j'ai fait un voyage à l'envers, je suis retourné en enfance et j'ai retrouvé toutes les paroles», confie-t-il à Keystone-ATS.
Un grand-père chamane, une grand-mère descendante d’esclaves, José Barrense-Dias a du sang «noir, indien et portugais». Né le 23 septembre 1932 à Angico, un village du Nordeste brésilien, une des régions les plus pauvres du pays. «Là d'où je viens, c'est le triangle de la faim», raconte-t-il. Dans son village, il n'y a pas d'école. «C'est une région abandonnée par tous les gouvernements».
Curieux et sensible
Il apprend à lire grâce à des bénévoles qui venaient alphabétiser la population. L'enfant est curieux, sensible, ouvert à la beauté, passionné par les couleurs de la nature et des oiseaux. Tout petit, il apprend la percussion, puis ce sera la guitare.
Il part à l'âge de 15 ans pour São Paulo et passe son temps libre à écouter des musiciens dans les magasins et les bars de la ville. Il joue de la guitare à l'oreille dans un premier temps, puis il prend des cours et commence à jouer dans les cabarets.
Professeur de guitare
En 1961, il quitte le Brésil avec un groupe de bossanova. Direction l'Italie, où, parti pour deux mois, il restera finalement plusieurs années, vu le succès rencontré. En 1968, il vient à Genève pour un gala et tout s'enchaîne: il est engagé comme professeur de guitare au Conservatoire de Genève, où il enseignera pendant 32 ans, et il s'installe à Nyon, où il trouve un petit appartement.
La même année sort son premier disque, un «grand succès», se remémore-t-il. D'autres albums suivront et d'innombrables concerts, dont il n'a tenu le décompte. Il a beaucoup joué à l'étranger et plusieurs fois au Montreux Jazz Festival (MJF) et à Paléo. Son style mêle la musique traditionnelle brésilienne, le classique ou le jazz.
Sauvé le Montreux Jazz
Le grand maître de la guitare brésilienne, qui vit entre Fleurier (NE) et Nyon, raconte comment il a «sauvé» la soirée brésilienne du MJF en 1985. Les stars João Gilberto et Antonio Carlos Jobim se disputaient la tête d'affiche et refusaient de jouer.
«J'étais là comme spectateur. Claude Nobs est venu me demander: vous seriez d'accord de monter sur scène? J'ai dit, pas possible, parce que ma guitare est à Nyon. Je suis gaucher, je ne joue qu'avec elle». Le précieux instrument sera amené in extremis en taxi. «J'ai à peine eu le temps de l'accorder, j'étais sur scène. J'ai sauvé Montreux. Cela m'a ouvert des portes dans le monde entier».
Aussi la peinture
Dans son atelier de Fleurier, le musicien manie aussi le pinceau et prépare une exposition à Couvet, à fin septembre. En peinture, comme en musique, il faut du rythme et de l'harmonie, raconte celui qui peint de préférence la nuit, en écoutant de la musique. Sportif, grand marcheur, il pratique la philosophie et l'autohypnose. «Souvent, les gens n'arrivent pas à croire que j'ai l'âge que j'ai. Je me sens bien», confie-t-il.