La crise de trop Le directeur artistique du Béjart Ballet Lausanne licencié

sj, ats

2.2.2024 - 15:26

Le directeur artistique du Béjart Ballet Lausanne (BBL) Gil Roman est licencié, annonce vendredi après-midi le Conseil de fondation. Celui-ci évoque un incident survenu lors des représentations du BBL à l'Opéra de Paris. Son contrat prendra fin le 30 avril 2024.

Gil Roman avait déjà été ébranlé par un audit évoquant de sérieux problèmes au sein du BBL (archives).
Gil Roman avait déjà été ébranlé par un audit évoquant de sérieux problèmes au sein du BBL (archives).
ATS

Keystone-SDA, sj, ats

Lors de la première soirée des représentations du BBL à l'Opéra Garnier en janvier, Gil Roman a invité l'ancien directeur de production, épinglé dans l'audit de 2021 et licencié avec effet immédiat, à la représentation, puis à l'apéritif privatif qui a suivi en présence de l'ensemble des danseuses, explique le Conseil de fondation.

«Après avoir éclairci les faits et entendu M. Roman, le Conseil a estimé ce comportement inapproprié et intolérable vis-à-vis de l'institution et plus encore des danseuses, eu égard aux conclusions de l'audit et aux décisions qu'il avait alors prises.»

«Dès lors, dans le respect de la tolérance zéro clairement affirmée en 2021 et malgré les qualités artistiques de M. Roman, le Conseil de fondation a décidé de résilier son contrat de travail.»

Déjà épinglé dans l'audit de 2021

A la suite de l'audit et suivant ses recommandations, le Conseil de fondation a réitéré à plusieurs reprises sa volonté de ne plus laisser certains comportements se dérouler au sein du BBL et de veiller scrupuleusement au respect de la personnalité de l'ensemble du personnel, rappelle-t-il. L'incident de Paris aura visiblement été la goutte qui a fait déborder le vase.

Gil Roman lui-même avait été épinglé par l'audit. Maintenu à son poste de chorégraphe et directeur de ballet, le Conseil de fondation avait toutefois décidé de l'encadrer. Si le rapport reconnaissait les qualités artistiques de Gil Roman, le chorégraphe y était décrit comme sensible, pointu et exigeant, mais aussi comme vulgaire, impulsif, colérique et injurieux.

En revanche, l'audit n'attestait en rien des rumeurs faisant état de harcèlement d'ordre sexuel, d'homophobie, de consommation ou trafic de cocaïne ou encore de népotisme de la part du directeur artistique.

La gouvernance de la compagnie de danse a été revue, avec la création d'un poste de directeur général, en la personne de Giancarlo Sergi. Il est entré en fonction en septembre 2022.

A la recherche d'un successeur

Le Conseil de fondation indique encore qu'il nommera «dès que nécessaire une direction artistique intérimaire et s'attelle dès à présent au recrutement d'une nouvelle ou d'un nouveau directeur artistique». Dans l'intervalle, grâce à la structure mise en place en 2022 et dirigée par Giancarlo Sergi, la production et la présentation des spectacles programmés sont assurées, selon lui.

Dans le prolongement des échanges réguliers que la Fondation du BBL entretient avec la Fondation Maurice Béjart, détentrice des droits des chorégraphies de ce dernier, des discussions vont maintenant être engagées pour assurer le futur de la compagnie, confirmer une nouvelle direction artistique et continuer à faire rayonner l'œuvre de Maurice Béjart à Lausanne et dans le monde, souligne-t-on aussi.

«Le Conseil de fondation remercie Gil Roman pour les années passées au sein du BBL, pour son investissement et pour l'excellence artistique qu'il a insufflée tout au long de son engagement au service de la compagnie», conclut son communiqué.