CultureLe Grand Prix de littérature suisse décerné à l'Argovien Klaus Merz
bu, ats
15.2.2024 - 10:35
L'écrivain argovien Klaus Merz est le lauréat 2024 du Grand Prix de littérature suisse. Le Prix spécial de la traduction revient à Dorothea Trottenberg. Sept autrices et auteurs sont encore distingués, dont trois francophones, Bessora, Jérémie Gindre et Ed Wige.
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15.02.2024, 10:35
15.02.2024, 10:39
ATS
Introspection et densité du langage sont deux caractéristiques de l'œuvre de Klaus Merz, aujourd'hui âgé de 79 ans, explique l'Office fédéral de la culture (OFC) dans un communiqué jeudi. Depuis son premier recueil de poèmes, «Mit gesammelter Blindheit» (1967), il a composé une oeuvre aux multiples facettes: poésie, prose (récits, nouvelles, romans brefs et essais), pièces de théâtre, pièces radiophoniques et livres pour enfants.
Le bref roman «Frère Jacques» (1997) lui avait valu une reconnaissance internationale. Sa trentaine de livres sont réunis dans une édition complète. Et il continue d'écrire avec «firma», (2019) ou «Noch Licht im Haus» (2023).
Souvent primé, il est traduit dans de nombreuses langues. En français, on peut lire parmi les plus récentes traductions «Tout près du vent», publié en 2018, ou «L'Argentin» (2013).
Prix spécial de la traduction
Dorothea Trottenberg, 67 ans, est l'une des traductrices indépendantes les plus prolifiques de Suisse alémanique. Elle se distingue par la grande diversité de registres stylistiques qu'elle maîtrise, de grands romans classiques de Gogol, Tourguenev, Tchekhov ou Tolstoï, aux récits contemporains d'Elena Čižova et de Maria Rybakova, à la prose expérimentale de Sigismund Krzyzanowski ou aux textes percutants d'Andreï Guelassimov.
Depuis 2005, elle se consacre aux Oeuvres complètes d'Ivan Bounine. Les dix volumes parus à ce jour lui assurent une place d'honneur parmi les traducteurs actuels du russe. Dorothea Trottenberg a déjà reçu en 2012 le prix Paul Celan du Fonds littéraire allemand, plus important prix de traduction de langue allemande.
Les aventures d'une esclave blanche
Sept autrices et auteurs sont encore distingués, dont trois en français: Bessora avec «Vous, les ancêtres», Jérémie Gindre avec «Tombola» et Ed Wige pour «Milch Lait Latte Mleko».
Bessora, 56 ans, après une carrière dans la finance internationale à Genève, reprend des études d'anthropologie et écrit son premier roman. Elle obtient le prix Fénéon en 2001 pour son roman «Les Taches d'encre» et le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 2007 avec «Cueillez-moi jolis Messieurs...»
«La Dynastie des boiteux» est à la fois une fable sur l'esclavage et une méditation sur la transmission. Bessora, née à Bruxelles et qui a grandi en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique, construit cette série dans le désordre chronologique. Les volumes III et IV de cette saga de l'esclavage sont parus en 2018. Avec «Vous, les ancêtres», Bessora dévoile les origines de «La Dynastie des boiteux».
Ce premier volume éclaire les aventures d'une esclave blanche devenue planteuse en Amérique. Jane, née en Cornouailles, accusée de vol, est déportée aux Amériques en 1684. Un siècle plus tard, un de ses descendants ira étudier les gorilles au Gabon, par ailleurs un des pays de Bessora, avec la Suisse où elle a grandi. Ne manque plus désormais que le deuxième volume de la série.
L'art au pluriel
Dans un autre registre, le Genevois Jérémie Gindre, 48 ans, pratique l'art au pluriel avec le dessin, la sculpture, l'installation et l'écriture. Son œuvre visuelle est exposée dans de nombreuses galeries, à Berlin, Genève et Lausanne.
Dans son recueil de nouvelles «Tombola», on suit la trajectoire «de personnages se rendant quelque part pour une raison précise, mais sans savoir exactement ce qu'elles vont y trouver». La météo va venir perturber leur plan. On pourrait comparer ce livre à une série de cartes postales, dont les sept histoires se font écho et forment un cycle.
L'ombre de la guerre
Avec son premier livre publié en solo, «Milch Lait Latte Mleko», Ed Wige raconte le quotidien suisse d'une fillette arrivée d'ex-Yougoslavie avec sa maman, contrainte de grandir entre les «grüezi» et les «bitte schön» dans l'ombre fantomatique d'un père aperçu – guerre oblige – au téléjournal.
L'autrice de 40 ans, qui habite à Lausanne, a étudié les relations internationales puis à l'Institut littéraire de Bienne. Depuis, elle se consacre à l'écriture. Elle est membre de différents collectifs littéraires comme AJAR ou Particules et elle s'intéresse à l'écriture à plus de deux mains.
Un prix tessinois
Un des quatre derniers prix revient à l'autrice tessinoise Claudia Quadri, également journaliste à la radio RSI. Dans son dernier roman autobiographique, «Infanzia e bestiario», elle parle de l'hôtel familial à Paradiso, qui n'existe plus aujourd'hui.
Un de ses précédents livres, «Suona, Nora Blume», avait déjà été récompensé par le Prix suisse de littérature 2015 avant d'être traduit en français sous le titre «Joue, Nora Blume».
Du côté alémanique, Judith Keller pour «Wilde Manöver», Dominic Oppliger avec «giftlan» et Ivna Žic «Wahrscheinliche Herkünfte» ont été primés.
Les deux prix principaux sont dotés de 40'000 francs chacun et les sept derniers de 25'000 francs.
La cérémonie de remise des prix suisses de littérature aura lieu le 10 mai dans le cadre des Journées littéraires de Soleure. Le jury fédéral de littérature est présidé par le journaliste Thierry Raboud.