Marina Rollman «Je ne peux pas attendre que la muse me frappe»

ats

10.11.2021 - 10:12

Marina Rollman mettra un point final à son spectacle le 18 décembre après trois jours à l'Olympia de Paris. D'ici là, on peut la voir en Suisse romande une dernière fois parce qu'elle laisse tomber le stand up.

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L'humoriste et chroniqueuse franco-suisse Marina Rollman jouait son stand-up, "Un spectacle drôle", ce mardi 9 novembre 2021 a la salle Métropole a Lausanne. (KEYSTONE/Valentin Flauraud)
L'humoriste et chroniqueuse franco-suisse Marina Rollman jouait son stand-up, "Un spectacle drôle", ce mardi 9 novembre 2021 a la salle Métropole a Lausanne. (KEYSTONE/Valentin Flauraud)
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En Suisse romande, la Genevoise vient de remplir deux soirs de suite les 1200 places du Métropole de Lausanne tandis que le Théâtre du Léman à Genève l'attend ainsi qu'une multitude d'autres salles en Suisse (Châtel-St-Denis, Porrentruy, St-Maurice, La Tour-de-Peilz, Bienne) comme en France. «Les dates du Léman, ce sont parmi les toutes premières qui ont été annulées en Suisse le 28 février 2020», rappelle Marina Rollman à Keystone-ATS.

L'humoriste et chroniqueuse radio sur France Inter a 33 ans, un âge où l'on décide souvent de changer de voie. «Oui c'est une année particulière, admet la Genevoise, de reprise de la scène après cette pause Covid. Et en même temps, c'est pour moi l'année de la fin de mon spectacle qui tourne depuis quatre ans». Un stand up qui a évolué et dont il reste à peine 20 minutes du spectacle originel, selon elle.

Elle vit effectivement un tournant dans sa carrière et va laisser de côté le stand up. «J'ai écrit et réalisé deux courts-métrages, le pas suivant logique serait de réaliser mon premier long-métrage. Sinon je bosse sur des séries, des films.»

Le théâtre l'intéresse aussi beaucoup, comme le roman. «L'écriture, c'est une chance : c'est un médium et à la fois des dizaines de médiums différents. Quand on aime écrire, on peut apprendre cinq, six, dix métiers différents.»

Pas une vie de patachon

Pour créer ses textes, elle est très organisée: «je suis quelqu'un de très carré. Je n'aime pas du tout l'idée de la vie de Bohème, de patachon. Cela me stresse énormément de ne pas me lever aux mêmes heures que tout le monde et de ne pas avoir d'heures de bureau.»

«Comme j'ai pas mal de projets, j'ai fréquemment des blocs de rendus. Je ne peux pas attendre que la muse me frappe.»

Pourquoi a-t-elle d'abord choisi le stand up ? «Le déclic de l'humour est venu de mon incapacité à m'insérer dans des voies plus classiques.» Les études, ce n'était pas pour elle, idem avec le travail de bureau.

«Un jour, j'ai vu un spectacle de l'humoriste américain Jerry Seinfeld et je me suis dit que c'est ce que je voulais faire. Mon cerveau fonctionne un peu de cette manière».

Le stand up, c'est aussi physique. Marina Rollman est-elle plutôt footing le matin ou yoga le soir ? «La scène en elle-même est déjà physique. Quand on en fait pas pendant longtemps, on est lessivé après la première heure.»

«Non, je ne fais pas du tout assez de sport, j'aimerais bien. J'ai eu deux mois de renaissance sportive au printemps dernier où j'en faisais un peu chez moi en regardant des vidéos dans mon salon. C'était très chouette, mais j'ai évidemment très vite abandonné.»

Jonglant entre la Suisse romande et Paris, elle n'a pas adapté son propos. «J'ai l'impression que l'humour est une forme extrêmement universelle. Ce qui varie d'un pays à l'autre, ce sont les références culturelles. Si on fait une blague en Suisse sur un politicien indien au Punjab, cela ne fera pas le même effet que si je parle de Guy Parmelin.»

«Et plus l'humour francophone se développe, plus on a l'occasion de voyager et de rencontrer des collègues belges, français, québécois, ivoiriens et plus on se rend compte en fait que ce n'est pas aussi net, découpé par pays, que ce que l'on croit.»

«Je ne serai pas la personnalité préférée des Français»

En arpentant les scènes, elle a découvert que les gens ont soif de lien, de connexion, de compréhension. «L'humour, c'est un assez joli cadeau à faire. Cela réunit parfois des personnes qui n'ont rien à voir les unes avec les autres : je trouve qu'il y a un truc d'humanité assez beau là-dedans.»

Alors qu'elle remplit les salles et que toute la presse francophone lui a au moins consacré un article, comment fait-elle pour ne pas se brûler les ailes ? «Je pars du principe que tout est chouette dans le présent mais que tout va se casser la gueule. Je ne capitalise pas du tout là-dessus. Je ne me dis pas que dans dix ans, je serai la personnalité préférée des Français.»

«Je peux imaginer que tout s'arrête demain et j'ai vraiment très fort la conscience que tout cela est éphémère. Et donc plutôt que d'aller chercher l'approbation des gens, je vais plutôt chercher du plaisir dans ma pratique.»

Le 18 décembre après trois soirs à l'Olympia, elle jouera pour la dernière fois son spectacle, qui sera filmé. «La captation, c'est une contradiction absolue avec l'idée du spectacle vivant où tout est en mouvement en permanence.»

«Et tout à coup de dire, c'est ce jour-là, à cet instant qu'il faut réussir à encapsuler ces quatre ans, ces mille et une rencontres, ces mille et une énergies différentes, cela me fait un peu peur.»

Avant l'Olympia, Marina Rollman doit remplir une quinzaine de salles. «C'est un gros défi parce que cette rentrée est très compliquée pour le spectacle vivant. Les gens ont vu le spectacle reporté plusieurs fois, d'autres ont peur du Covid, puis il y a ceux qui n'ont pas le pass.»

Quand le rideau sera tombé, elle retournera à sa table de travail. «En 2022, je vais vers l'écriture, en tout cas les premiers mois. Là il sera beaucoup plus question d'autodiscipline, de motivation, de trouver ma petite flamme intérieure parce que personne ne va me forcer à écrire.»