«Le Big Challenge» Un livre entre sport, kilos en trop, mauvaise foi et pression sociale 

Valérie Passello

29.8.2022

L'écrivaine valaisanne Abigail Seran publie «Le Big Challenge» chez BSN Press, dans la collection «Uppercut». Ce court roman raconte le parcours d'un jeune quadra qui cherche à maigrir. Pour blue News, l'auteure n'hésite pas à monter sur la balance de l'interview, prête à en découdre avec le poids des mots.

Avec une vingtaine d'ouvrages publiés en près de dix ans, Abigail Seran a un IML (Indice de masse littéraire) élevé!
Avec une vingtaine d'ouvrages publiés en près de dix ans, Abigail Seran a un IML (Indice de masse littéraire) élevé!
Christine Caron

Valérie Passello

Tout comme votre héros calcule son IMC, son indice de masse corporelle, nous avons calculé votre IML: votre indice de masse littéraire. Il est élevé! Vous êtes une boulimique d'écriture?

Je n'en ai pas l'impression. Mais il est vrai que cela va bientôt faire dix ans que je publie et qu'en additionnant les différents ouvrages, on arrive à une vingtaine. Il y a peut-être une petite boulimie qui traîne... Mais c'est sans douleur, je dirais plutôt qu'il s'agit de gourmandise. Et puis ce sont surtout des opportunités, des rencontres et des suggestions qui m'embarquent. Je suis une personne qui ne sait pas tellement dire non et qui adore les aventures.

Objectif: 10 kilos!
Abigail Seran/BSN Press

Nicolas, jeune quadra, papa et mari, après avoir constaté le chiffre indécent affiché sur la balance, calcule son IMC. Avec effroi, il se découvre largement en surpoids pour ne pas dire obèse. Il décide d’y remédier en secret et s’inscrit à un programme d’amaigrissement collectif peu élégamment intitulé «Le Big Challenge».

Aviez-vous un régime spécial à suivre pour écrire «Le Big Challenge»?

Mon éditeur m'a expliqué que dans cette collection, le temps de lecture doit être équivalent à la durée d'un match de foot. La consigne était que cela parle de sport en 60'000 à 90'000 signes, les calories étaient donc comptées. Je sais que j'étais à la limite supérieure, on ne m'a pas dit si le temps du match de foot pouvait inclure des prolongations! Jouer avec ces contraintes a été un vrai bonheur d'écriture, à la fois compliqué et savoureux.

Sans méchanceté aucune, on sent néanmoins un peu d'ironie dans votre récit...

Oui, c'était mon but, c'est si rare de pouvoir être de mauvaise foi! Mon héros fait tout pour maigrir mais il se cache, alors qu'en fait, tout le monde voit le résultat: c'est un énorme secret de Polichinelle. Il veut la paix dans son couple, mais il ne veut rien dire à sa femme... L'ambivalence, c'est le terreau du livre. D'un côté, il y a l'ironie et la mauvaise foi de la piètre athlète, mais d'un autre, j'ai aussi beaucoup observé. J'ai la chance d'avoir un mari sportif et je lui dois beaucoup. Il a assuré la surveillance sportive et m'a donné des pistes, car la crédibilité et la précision sont des choses importantes pour moi. L'une de mes bêta-lectrices m'a dit: «À la fin du livre, j'avais des courbatures», ça m'a fait très plaisir.

Un reportage grandeur nature
Abigail Seran/BSN Press

Abigail Seran s'est glissée dans les coulisses du spectacle «Antigone», le 1er au Théâtre du Crochetan après la pause du Covid. On y assiste à la naissance de la pièce et à son incarnation à travers les yeux de l'écrivaine.

Même si l'histoire semble légère, vous abordez des thèmes plus graves...

J'essaie toujours d'offrir plusieurs niveaux de lecture. Derrière cette histoire, il y a les injonctions de la société sur la santé, le poids, l'apparence. C'est une pression socialement forte. Certes, mon héros trouve une aide collective, mais je garde un certain esprit critique là-dessus. 

Des racines en Irlande
Abigail Seran/BSN Press

Le 4ème roman d'Abigail Seran est une œuvre intimiste. Elle y évoque l'Irlande, chère à son cœur, la transmission et le rapport à nos aînés.

Votre héros se lance dans son défi sans en parler à ses proches: vous seriez capable de faire ce genre de cachotteries?

Pas du tout, car j'aime trop partager, chez moi c'est même un besoin. En plus, ça se verrait sur moi: je suis un livre ouvert. 

Quelle est la gourmandise littéraire qui pourrait vous faire vous relever la nuit?

N'importe quel bon livre qui me tient. D'ailleurs, il m'est déjà arrivé de me relever à trois heures du matin pour continuer à lire...

Quel est votre prochain «Big Challenge»?

On est venu me chercher pour l'écriture d'un spectacle musical. En plus du récit, je dois penser scène et comédiens, ce qui est nouveau pour moi. C'est à la fois magnifique, magique et angoissant. Mais c'est une belle aventure: je passe d'un plaisir solitaire à une activité collective. J'espère que je n'aurai pas eu les yeux plus gros que le ventre!