Alcool, isolement, audition...Recherche: voici 15 facteurs de risque liés à la démence précoce
Relax
27.12.2023 - 15:04
(ETX Daily Up) – Contrairement à ce que l'on pouvait penser, la génétique ne serait pas la seule cause de démence précoce. Une équipe de chercheurs vient d'identifier de nombreux facteurs, d'ordre environnemental ou associés au mode de vie, qui pourraient accroître le risque de développer cette maladie qui survient avant l'âge de 65 ans. Une découverte qui pourrait permettre d'établir de nouvelles stratégies pour prévenir la démence précoce ou en réduire le risque.
ETX Studio
27.12.2023, 15:04
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«Ces résultats remettent en question l'idée selon laquelle la génétique est la seule cause de [la démence précoce] et jettent les bases de nouvelles stratégies de prévention». C'est en ces termes qu'une équipe dirigée par des chercheurs des universités d'Exeter (Angleterre) et de Maastricht (Pays-Bas) présente le fruit de ses recherches. Ces dernières mettent en exergue pas moins de 15 facteurs qui pourraient accroître le risque de démence précoce, également appelée démence à début précoce, qui se traduit le plus souvent, selon Santé publique France, par des troubles du comportement tels que la psychose ou les troubles de l’humeur.
«Les conséquences personnelles, familiales et sociales de ces démences précoces sont dévastatrices. Les personnes atteintes sont le plus souvent en âge de travailler et leur maintien en emploi est rapidement remis en question», souligne l'agence nationale française. Laquelle estime que 6 à 10% de l'ensemble des cas de démence surviennent entre 60 et 65 ans, et rappelle l'importance «de pouvoir quantifier le poids de cette pathologie afin d’adapter le système à la prise en charge médico-sociale spécifique de ces formes de démences précoces».
L'équipe de chercheurs européens ne s'est pas attelée à évaluer le poids de la démence précoce, mais à déterminer des facteurs de risque, autres que la génétique, pouvant intervenir dans le développement de la maladie. Des travaux d'envergure qui se sont basés sur le suivi de 356.052 participants âgés de moins de 65 ans issus de la UK Biobank, une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource de recherche contenant des informations sur la génétique, le mode de vie et la santé d'un demi-million de Britanniques. Publiées dans la revue JAMA Neurology, leurs recherches mettent en évidence 15 facteurs de risque pouvant accroître de manière significative le risque de démence précoce.
La solitude, l'alcool, la dépression
Les prédispositions génétiques comptent bel et bien parmi ces facteurs de risque, mais elles ne sont pas les seules causes de démence précoce. Les chercheurs évoquent également les troubles liés à la consommation d'alcool, l'isolement social, un faible niveau d'éducation scolaire, un statut socio-économique inférieur, une carence en vitamine D, la dépression, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles de l'audition, le diabète, ou encore les maladies cardiaques. «Il s'agit de l'étude la plus vaste et la plus solide de ce type jamais réalisée. Il est passionnant de constater que, pour la première fois, elle révèle que nous pourrions agir pour réduire le risque de cette maladie débilitante en ciblant une série de facteurs différents», explique le professeur David Llewellyn, de l'université d'Exeter, dans un communiqué.
D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 55 millions de personnes vivent avec une forme de démence dans le monde, dont jusqu'à 9% des cas sont identifiés comme une démence à début précoce. L'autorité sanitaire préconise d'ores et déjà de réduire le risque de déclin cognitif et de démence via une activité physique régulière, l'arrêt du tabac, une moindre consommation d'alcool, ou encore une alimentation saine et équilibrée. Mais ces nouveaux travaux pourraient permettre d'aller encore plus loin dans la stratégie de prévention à adopter à grande échelle.
«Nous assistons à une transformation de la compréhension du risque de démence et, potentiellement, de la manière de le réduire à la fois au niveau individuel et sociétal. Ces dernières années, un consensus de plus en plus large s'est dégagé sur le fait que la démence est liée à 12 facteurs de risque spécifiques modifiables, tels que le tabagisme, la pression artérielle et la perte d'audition. Il est désormais admis que jusqu'à quatre cas de démence sur dix dans le monde sont liés à ces facteurs», commente la Dr Leah Mursaleen, responsable de la recherche clinique à l'Alzheimer's Research UK. Et de conclure: «Cette étude pionnière jette une lumière importante et nécessaire sur les facteurs qui peuvent influencer le risque de démence chez les jeunes. Elle commence à combler une lacune importante dans nos connaissances. Il sera important de s'appuyer sur ces résultats dans le cadre d'études plus larges».