Vers une extinction de masse?L'humain coupe les branches de l'«arbre de la vie», alerte une étude
ATS
19.9.2023 - 06:17
Avec la disparition rapide de nombreuses espèces animales, les humains provoquent la perte de branches entières de l'«arbre de la vie», selon une nouvelle étude publiée lundi. La recherche alerte sur la menace d'une sixième extinction de masse.
Keystone-SDA
19.09.2023, 06:17
19.09.2023, 06:22
ATS
La crise de la biodiversité «est aussi grave que le changement climatique», mais pas aussi connue du grand public, regrette Gerardo Ceballos, professeur à l'université nationale autonome du Mexique, et co-auteur de cette étude publiée dans la revue PNAS. Or, il y a «urgence», car ce qui est en jeu est «l'avenir de l'humanité», a-t-il déclaré à l'AFP.
De nombreuses études existent déjà sur les disparitions d'espèces, mais la spécificité de celle-ci est de s'être penchée sur l'extinction de genres entiers. Dans la classification des êtres vivants, le genre se trouve entre le rang de l'espèce et celui de la famille.
«Je pense que c'est la première fois que l'on cherche à évaluer le taux d'extinction à un niveau supérieur que celui de l'espèce», a commenté pour l'AFP Robert Cowie, biologiste à l'université d'Hawaï n'ayant pas participé à l'étude. «Cela démontre la perte de branches entières de l'arbre de la vie», une représentation du vivant d'abord développée par Charles Darwin.
73 genres éteints
L'étude montre que «nous ne sommes pas seulement en train de tailler des brindilles, mais que nous utilisons une tronçonneuse pour nous débarrasser de grosses branches», a abondé Anthony Barnosky, professeur émérite à l'université de Californie à Berkeley.
Les chercheurs se sont notamment appuyés sur les listes d'espèces éteintes de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ils se sont concentrés sur les espèces de vertébrés (excluant les poissons), pour lesquels on dispose davantage de données.
Sur environ 5400 genres (comprenant 34'600 espèces), ils ont conclu que 73 d'entre eux s'étaient éteints ces 500 dernières années, la plupart durant les deux derniers siècles. Les extinctions touchent en premier lieu des oiseaux, suivis de mammifères, d'amphibiens et de reptiles.
Pour comprendre si ce rythme est plus élevé que la normale, les chercheurs ont ensuite comparé ce résultat au taux d'extinction estimé grâce aux traces fossiles sur le très long terme.
«En se fondant sur le taux d'extinction du dernier million d'années, on s'attendrait à l'extinction de deux genres, mais nous en avons perdu 73», a expliqué Gerardo Ceballos. Selon l'étude, l'extinction de ces 73 genres aurait dû prendre 18'000 ans et non 500.
Ces estimations restent incertaines, de nombreuses espèces n'étant pas même connues et les relevés fossiles incomplets, mais, selon le chercheur, elles sont probablement sous-estimées.