EtudeAu Moyen Âge, les écureuils étaient porteurs de la lèpre
uc, ats
3.5.2024 - 17:00
Les écureuils pourraient avoir joué un rôle dans la propagation de la lèpre au Moyen Âge. Des scientifiques bâlois ont trouvé des agents pathogènes étroitement apparentés dans des os d'écureuils et dans des os humains de cette époque.
03.05.2024, 17:00
03.05.2024, 17:01
ATS
Taches cutanées, nez déformé, ulcères: la lèpre peut entraîner des symptômes graves. La bactérie responsable, principalement Mycobacterium leprae, qui provoque encore actuellement 200'000 nouveaux cas par an dans les pays tropicaux, a une longue histoire en Europe.
Un groupe de recherche international dirigé par la paléogénéticienne Verena Schünemann (Université de Bâle, anciennement Université de Zurich) a pu prouver, grâce à des découvertes archéologiques, que les écureuils roux (Sciurus vulgaris) étaient des hôtes de M. leprae dans l'Angleterre médiévale.
Les bactéries identifiées chez ces écureuils médiévaux étaient étroitement apparentées à celles trouvées sur des squelettes humains de la même région et de la même époque, selon ces résultats publiés dans la revue Current Biology.
«Cette similitude nous montre qu'il y a probablement eu un échange de bactéries entre l'animal et l'humain à cette époque», a expliqué Verena Schünemann à Keystone-ATS. «Mais on ignore quel rôle exact les animaux ont joué dans la propagation de la maladie», a-t-elle précisé: «Nous ne savons pas si les écureuils ont contaminé les humains ou si ce sont les humains qui ont apporté la maladie aux animaux».
Points de contact
Il y avait en tout cas plusieurs points de contact. D'une part par le commerce des fourrures: aux XIe et XIIe siècles, des manteaux étaient fabriqués à partir de la fourrure des écureuils. D'autre part, ceux-ci servaient également d'animaux de compagnie. Les scientifiques ont ainsi connaissance, entre autres, de couvents de religieuses dans lesquels ces animaux étaient élevés.
Pour leur étude, les scientifiques se sont concentrés sur la ville de Winchester, dans le sud de l'Angleterre, où les sites archéologiques fournissent suffisamment de matériel pour les analyses génétiques. Les restes humains proviennent d'une léproserie. Quant aux écureuils, ils ont pu les étudier grâce à des os trouvés dans un ancien atelier de fourreur.
Pour les auteurs, ces résultats sont particulièrement importants dans la perspective de la lutte future contre la lèpre. En effet, à ce jour, la manière dont la maladie se propage n'a pas été totalement élucidée. Les scientifiques privilégient ainsi une approche «One Health» intégrant les humains, les animaux et l'environnement.
«Nous essayons d'en savoir plus sur le rôle des animaux dans la propagation de la maladie dans le passé», conclut Verena Schünemann. Les animaux sont en effet encore très peu considérés comme des hôtes de la lèpre, même s'ils pourraient être importants pour comprendre la persistance actuelle de la maladie, malgré toutes les tentatives d'éradication.