Des scientifiques observent le glacier Cerro Bologna dans la réion de Santiago au Chili, le 17 janvier 2018
Chaleur intense : instantané d'une anomalie
Des scientifiques observent le glacier Cerro Bologna dans la réion de Santiago au Chili, le 17 janvier 2018
Chili: face à l'exploitation minière, l'urgence de protéger les glaciers
Des scientifiques observent le glacier Cerro Bologna dans la réion de Santiago au Chili, le 17 janvier 2018
Chaleur intense : instantané d'une anomalie
Des scientifiques observent le glacier Cerro Bologna dans la réion de Santiago au Chili, le 17 janvier 2018
Le Chili compte 82% des glaciers d'Amérique du Sud et ils sont en danger, alertent les scientifiques: outre le changement climatique, les poussières issues de l'activité minière, secteur stratégique, accélèrent leur fonte, menaçant l'une des plus grandes réserve d'eau potable au monde.
Si le rapport de cause à effet reste encore difficile à établir, selon Fabrice Lambert, professeur de climatologie à l’université catholique de Santiago, l’activité minière pourrait représenter une menace pour les 24.114 glaciers que compte le Chili.
"La poussière que les mines génèrent va se déposer sur le glacier. La surface devient alors moins blanche, les particules absorbent l'énergie solaire et entraînent la fonte rapide des glaciers", explique-t-il à l’AFP. Il précise que: "la plupart des glaciers au Chili se situent aux alentours d’une mine".
Un argument nuancé par Joaquin Villarino, président du conseil minier chilien: "Plus de 70% de l’activité minière se développe dans des zones où il n’y a pas de glaciers”, assure-t-il à l'AFP. Selon lui, il existe dans la législation actuelle une "certaine protection qui empêche les compagnies minières de nuire aux glaciers".
"Il faut être réaliste, on ne va pas fermer les mines d’ici cinq ans. Il faut trouver un moyen de protéger les glaciers sans détruire l'industrie minière, qui est primordiale pour l’économie du pays", concède le scientifique.
Grâce au secteur minier, le Chili est le plus grand producteur mondial de cuivre, avec 5,6 millions de tonnes par an.
Au vu de l’urgence de la situation, Pilar Moraga, avocate et spécialiste en droit environnemental, pointe du doigt l’absence de cadre juridique qui puisse protéger tous les glaciers du pays.
En 2014, un projet de loi interdisant certaines activités industrielles dangereuses à proximité des glaciers avait été initié. Après diverses modifications, le projet a perdu son objectif initial. Jusqu'à ce que le gouvernement du président de droite Sebastian Piñera décide de l’enterrer définitivement, en juin dernier.
- Absence de cadre juridique -
Selon le gouvernement, l'action du Service de la Biodiversité et des Aires Sauvages Protégées (SBAP), qui protège notamment les parcs nationaux ou les réserves nationales, est suffisante.
Une solution qui n'est pas satisfaisante pour les spécialistes car, dans ce pays, les glaciers les plus menacés ne se situent pas dans ces zones surveillées par le SBAP.
"Au Chili, 86,4% des glaciers se trouvent dans des aires protégées. Mais là où les carences d’eau s’intensifient (centre et nord), les glaciers ne sont pas protégés", explique Fabrice Lambert. Le scientifique précise que dans ces régions "les projections climatiques annoncent une baisse additionnelle des précipitations de 30% d'ici à 50 ans".
"Depuis 2005, six ou sept projets de loi visant à protéger spécifiquement les glaciers ont été proposés. Mais à cause du blocage de la part du secteur minier, ils n´ont jamais vu le jour", s'indigne Sara Larrain, directrice de l’ONG Chile sustentable.
Pour leur part, les représentants des mines nient toute pression et se félicitent du récent retrait du projet de loi. "Le gouvernement a pris une décision responsable qui avait un coût politique (…) Un choix bien analysé", explique le président du conseil minier chilien.
Tout en enterrant, pour l´heure, l’espoir d’une loi spécifique pour la préservation des blocs de glace, Marcela Cubillos, ministre de l'Environnement jusqu’au récent remaniement ministériel d'août, a annoncé la création de commissions régionales composées d’experts afin de trouver "une solution efficace pour protéger les glaciers".
En parallèle, deux projets restent en suspens. D'un côté, la réforme du code des eaux, afin d’interdire "les droits d’approvisionnement en eau des glaciers", dans un pays où les sources hydriques sont privatisées.
Et de l'autre, le projet de loi présenté par le député d’opposition Guido Girardi (PPD), qui veut accorder aux glaciers le statut de "biens nationaux d’usage public" protégés par le droit, afin de n’y autoriser que des activités touristiques ou scientifiques.
La diminution de la surface glaciaire du Chili correspond à la tendance mondiale, selon le service mondial de surveillance des glaciers. Pour l’heure, l’Argentine est le seul pays d’Amérique du Sud et l’un des seuls dans le monde à disposer d’une législation spécifique pour la protection des glaciers.
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