Française depuis 1853Cinq choses à savoir sur la Nouvelle-Calédonie
ATS
15.5.2024 - 08:19
Cinq choses à savoir sur la Nouvelle-Calédonie, archipel de l'océan Pacifique Sud française depuis 1853, et en proie à des violences sur fond de réforme électorale controversée.
Keystone-SDA
15.05.2024, 08:19
ATS
Archipel à 18.000 km de Paris
Cette collectivité d'outre-mer à statut particulier rassemble 271'400 habitants, selon le dernier recensement (Insee 2019), et est située à quelque 18'000 km de la métropole et à 2000 km de l'Australie. Il faut compter au moins 24 heures de vol depuis Paris pour rejoindre son chef-lieu Nouméa.
Elle se compose d'une île principale, la Grande Terre, et des îles Loyauté: Maré, Ouvéa, Lifou et Tiga. L'île des Pins au sud et les îles Belep au nord sont également habitées. Ses lagons exceptionnels sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.
Kanak et Caldoches
Les deux principales communautés sont les Kanak (41%), premiers habitants du pays, et la communauté européenne (24%), dont les Caldoches, descendants des colons blancs. Une part grandissante de la population déclare toutefois désormais être métissée ou «calédonienne».
La province Sud, où se trouve Nouméa, concentre près de 75% des habitants, contre 18% en province Nord et 7% dans les îles Loyauté, peuplées très majoritairement de Kanak et plus pauvres. Le niveau de vie médian calédonien est sensiblement inférieur à celui de la métropole, avec de fortes disparités.
La croissance démographique est nettement plus faible qu'auparavant en raison d'une hausse des départs et d'une baisse des arrivées. En outre, le vieillissement de la population s'accélère.
Une histoire de révoltes
Dès 1878, 25 ans après la prise de contrôle française, une révolte kanak éclate contre la spoliation des terres. Quelque 600 insurgés et 200 Européens sont tués, des tribus rayées de la carte et 1500 Kanak contraints à l'exil.
Lieu de bagne de 1864 à 1896, la Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d'outre-mer (TOM) en 1946, les Kanak obtiennent la nationalité française, puis le droit de vote.
Les années 1980 sont marquées par des violences entre Kanak et Caldoches, dont le point culminant a été la prise d'otage et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, au cours desquels 19 militants kanak et deux militaires français sont tués.
Un mois plus tard, les accords de Matignon scellent la réconciliation, au travers d'un rééquilibrage économique et d'un partage du pouvoir politique. Ils sont suivis en 1998 par l'accord de Nouméa qui dote l'archipel d'un statut unique dans la République française reposant sur une autonomie progressive.
C'est dans ce cadre qu'un référendum en 2018 voit le non à l'indépendance l'emporter à 56,7%, sur fond de percée des indépendantistes, confirmée en 2020 (53,26% de non). En 2021 le non l'emporte à 96,5%, mais les indépendantistes contestent la validité du scrutin, marqué par une forte abstention en pleine épidémie de Covid-19.
La richesse du nickel
Si le secteur tertiaire domine, le nickel est le poumon économique de la Nouvelle-Calédonie, qui est le 3e producteur mondial (source USGS 2023) de ce minerai utilisé pour fabriquer l'acier inoxydable et les batteries des véhicules électriques.
Près d'un quart des emplois salariés du privé de l'archipel est lié au nickel, mais le secteur connait une grave crise liée à la chute des cours, au coût de l'énergie et à la concurrence étrangère.
C'est aussi un enjeu politique pour les indépendantistes, car le nickel est le socle d'une indépendance viable et ils privilégient sa transformation sur place ("Doctrine nickel").
L'enjeu du corps électoral
Le Sénat, le 2 avril 2024, puis l'Assemblée nationale, dans la nuit de mardi à mercredi, ont approuvé une révision constitutionnelle prévoyant l'élargissement du corps électoral à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans pour les élections provinciales. Pour être adoptée, cette réforme doit être approuvée par le Congrès à Versailles, qui devrait se réunir «avant la fin juin» selon le président Emmanuel Macron.
Les indépendantistes voient dans cette réforme du corps électoral une volonté de «minoriser encore plus» le peuple kanak et le Congrès de Nouvelle-Calédonie a adopté une résolution demandant le retrait de la réforme, sur fond de manifestations et d'une vague de violences dans l'archipel, au cours de laquelle une personne a été tuée par balle.