CoronavirusComparer précisément la transmissibilité des nouveaux mutants
uc, ats
26.2.2021 - 13:23
Une équipe de recherche internationale avec participation bernoise a développé une approche permettant à l'aide d'un modèle animal de comparer précisément la transmissibilité des mutants du coronavirus. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature.
Avant l’apparition des nouveaux mutants comme le variant britannique B.1.1.7, le variant D614G était le plus répandu dans le monde. Or, ce variant était déjà un mutant du virus SARS-CoV-2 initial qui est à l’origine de la pandémie, a indiqué vendredi l'Université de Berne dans un communiqué.
Une équipe de recherche internationale comprenant des chercheurs de l’Institut de virologie et d’immunologie (IVI), rattaché à l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires et à l’Université de Berne, ainsi que des scientifiques américains et allemands a pu montrer en laboratoire et sur des modèles animaux pourquoi le variant D614G a pu s’imposer sur la planète.
«Notre approche nous permet une caractérisation plus rapide et plus fine des nouveaux mutants, comme le variant britannique B.1.1.7», dit Volker Thiel de l’IVI, cité dans le communiqué. Ces connaissances sont très importantes pour lutter contre les nouveaux mutants qui risquent de se propager très rapidement, ajoute le spécialiste
Le variant D614G présente une mutation dans la protéine spicule qui facilite l’amarrage du virus aux cellules humaines. Les chercheurs de l’IVI et des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta ont pu montrer dans des cultures cellulaires que le variant D614G s’amarrait plus fermement aux cellules humaines des voies respiratoires supérieures et du nez et qu’il se reproduisait aussi plus vite dans les cellules que le virus initial.
Ces résultats ont aussi été confirmés dans un organisme vivant, en l’occurrence un nouveau modèle animal de souris décrit dans cette étude.
La mutation l'emporte
C'est cependant sur d’autres espèces que la propagation du SARS-CoV-2 d’un animal à l’autre se mesure mieux. Le hamster et le furet, couramment utilisés dans la recherche sur les maladies infectieuses, se prêtent bien à une telle utilisation.
Pour directement comparer les deux variants, un mélange contenant une quantité équivalente du virus SARS-CoV-2 initial et du variant D614G a été instillée dans le nez d’un hamster et d’un furet tous deux légèrement narcotisés.
Un jour après infection, chaque animal a été placé en contact avec un congénère sain pour mesurer la transmissibilité des deux variants en compétition directe. L’expérience a été répétée avec des paires de six animaux. Résultat: chez pratiquement tous les animaux sentinelles, le variant D614G dominait très tôt.
«Test d’aptitude» pour d’autres mutations
Cette méthode permet même de tester chaque mutation ou combinaison de mutations apparaissant chez de nombreux variants du virus. Pour ce faire, l’IVI peut recourir à une technique de clonage qu’il a développée il y a une année et qui permet de reconstruire précisément des virus de SARS-CoV-2 en laboratoire.
On sait par exemple que le virus britannique présente non pas une mais souvent plus de quatorze mutations, dont huit dans la protéine spicule. Le clonage permet la reconstruction de toutes les mutations des variants souhaités, qui pourront ensuite «affronter» un autre variant dans les modèles de cultures cellulaires et les modèles animaux.
«Cette stratégie de test nous permet à présent de déterminer pourquoi de nouveaux variants du virus s’imposent», conclut Volker Thiel.