De l'alcool dans l'espace? Un fantasme en orbite depuis bien longtemps

Véritable volonté d'explorer les atouts de l'apesanteur pour proposer une nouvelle dimension à la dégustation ou pas, cette campagne est en tout cas un formidable outil de communication pour cette maison de Caroline du Nord. Au-delà de la concrétisation de la mission, elle rappelle combien les Hommes ont sans cesse envie de faire un lien entre une vie dans l'espace et l'alcool, vecteur incontestable de convivialité et de fête. Quasiment à chaque nouvelle mission sur la station spatiale internationale, c'est un marronnier qui fait couler de l'encre dans la presse, lorsque les astronautes sont interrogés au sujet de leur prochain menu: y aura-t-il de l'alcool à bord? En 2017 déjà, la BBC revenait sur ce rapport complexe entre l'univers spatial et l'alcool. Buzz Aldrin lui-même a participé à cette légende. Celui qui fut le deuxième homme à marcher sur la lune a raconté dans un livre avoir célébré ce moment iconique pour l'humanité en sortant du vin afin de communier avec un peu de pain, en compagnie de Neil Armstrong. Plus tard, les Russes ne cacheront pas avoir emmené du cognac et de la vodka à bord de la station Mir. Il était même conseillé aux cosmonautes de consommer de l'alcool pour garder la forme... Lors du lancement de la première station spatiale américaine, Skylab, au début des années 70, il était prévu au départ que les astronautes trinquent à l'aide de sherry, un vin liquoreux américain. Après polémique, la Nasa décida finalement d'interdire l'alcool dans l'espace. Une mesure qui est toujours valable aujourd'hui, et donc à bord de la station spatiale internationale.

Sauf qu'au début des années 2000, les premiers vols privés, dont celui de Dennis Tito pour un coût de 20 millions de dollars, vont esquisser les contours du tourisme spatial. Comme on imagine difficilement des vacances sans apéro, on pense aussi ajouter dans les bagages de ces voyageurs très fortunés un peu d'alcool. S'en suit une flopée d'initiatives pour promettre de trinquer là-haut. En 2011, une brasserie australienne, originaire de la banlieue de Sydney, avait fabriqué une bière spécifiquement étudiée pour être dégustée dans l'espace. Plus récemment, c'est la maison de champagne Mumm qui a travaillé la question, en élaborant une bouteille spécifiquement étudiée pour être débouchée à bord de la station spatiale internationale lors d'un vol privé. Les bulles de la cuvée Cordon Rouge devraient être propulsées dans l'espace cette année lors de la prochaine mission d'Axiom Space.

On pourrait croire que le sujet est superficiel comparé aux expériences menées à bord de l'ISS qui permettent d'étayer les conclusions d'études médicales, d'accélérer la production de cellules souches ou encore d'anticiper la résistance aux antibiotiques. Mais, les résultats de la deuxième phase du «food challenge», mené par la NASA pour chercher des solutions dans le but de nourrir les humains dans l'espace, viennent de démontrer que l'alcool pouvait aussi alimenter le travail des astronautes. Parmi les start-up retenues, il y a ce projet new-yorkais fou (d'Air Company), qui consiste à transformer l'air expulsé par un astronaute en molécules d'alcool, a annoncé la NASA. Il ne s'agirait pas du tout d'en faire des cocktails, mais de l'utiliser comme nourriture à donner à des levures capables de produire des protéines, de la matière grasse et des glucides pour alimenter une équipe d'astronautes.