Paléontologie Des fossiles relancent l'énigme sur des cousins d'Homo sapiens

ATS

4.11.2021 - 20:33

La découverte d'un crâne d'enfant dans une grotte d'Afrique du Sud, annoncée jeudi, relance l'énigme autour de cousins de l'humain actuel. Les premières preuves d'existence de ces êtres, baptisés Homo naledi, avaient remis en cause des théories sur l'Evolution.

Le crâne ne présentait aucune marque, comme ceux qu'aurait pu laisser une attaque par un carnivore. Les chercheurs trouvent rarement des restes fossilisés d'enfants, car leurs os sont trop fins et fragiles pour résister au temps.
Le crâne ne présentait aucune marque, comme ceux qu'aurait pu laisser une attaque par un carnivore. Les chercheurs trouvent rarement des restes fossilisés d'enfants, car leurs os sont trop fins et fragiles pour résister au temps.
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Keystone-SDA

Vingt-huit fragments d'un crâne minuscule et six petites dents ont été trouvés à Maropeng, près de Johannesburg. Depuis des années, le très riche site archéologique du «Berceau de l'humanité», truffé de grottes et de fossiles de pré-humains et classé au patrimoine mondial de l'Unesco, est un trésor d'informations pour les paléontologues.

Les restes ont été retrouvés dans une alcôve quasi inaccessible, au bout de passages mesurant parfois seulement 10 cm de large. Mais pour l'Homo naledi, se déplacer dans la grotte était sans doute plus facile, selon un des scientifiques qui a participé à la découverte: plus petits, ils étaient aussi «de meilleurs grimpeurs», a expliqué Tebogo Makhubela.

«Le véritable mystère au sujet de cette enfant est de savoir pourquoi elle s'est retrouvée là», a déclaré le paléontologue Lee Berger, à la tête des recherches. «Quelque chose d'étonnant s'est passé dans cette grotte il y a 200'000 à 300'000 ans». Bien que les scientifiques désignent l'enfant au féminin, son sexe n'a pas été déterminé.

Pieds de marcheur contemporain

Des ossements de quinze individus de cette ancienne espèce humaine avaient déjà été retrouvés dans un autre endroit du site en 2015. L'espèce surnommée «étoile» en sesotho, une langue locale sud-africaine, avait été classée dans le genre Homo auquel appartient l'humain moderne.

Leur examen avait révélé le portrait d'un petit hominidé étonnant, doté à la fois des caractéristiques d'espèces vieilles de plusieurs millions d'années, comme un tout petit cerveau, et d'autres bien plus récentes, telles que des pieds de marcheur contemporain et des mains capables de tenir des outils.

Une datation avait déterminé qu'il aurait vécu au début de ce qui est considéré comme le commencement de l'ère de l'être humain moderne et aurait donc pu être contemporain des premiers Homo sapiens. Cette théorie remettant en cause les lectures linéaires de l'évolution de l'Humanité avait suscité la controverse dans la communauté scientifique.

Rite funéraire?

Les restes de l'enfant, surnommée Leti d'après un mot setswana qui signifie «le perdu», ont été découverts à distance des précédents ossements. Les scientifiques pensent qu'ils ont pu être volontairement laissés là par ses congénères, peut-être au cours d'un rite funéraire.

Si cette théorie était confirmée, cela ferait remonter les preuves de pratique de rites et sans doute aussi de croyances, à un quart de million d'années. Jusqu'à présent, les plus anciens rituels connus d'hominidés associés à la mort remontent à entre 50'000 et 100'000 ans.

Aucun autre os n'a été trouvé. Le crâne ne présentait aucune marque, comme ceux qu'aurait pu laisser une attaque par un carnivore. Les chercheurs trouvent rarement des restes fossilisés d'enfants, car leurs os sont trop fins et fragiles pour résister au temps.

L'enfant était probablement âgé de quatre à six ans lorsqu'il est mort. Ses dents de lait étaient encore intactes, celles adultes commençant seulement à apparaître.

Entre australopithèque et homo

Cette découverte pourrait permettre d'en apprendre davantage sur la transition, il y a environ deux millions d'années, entre l'australopithèque primitif et le primate du genre homo, ancêtre direct de l'être humain actuel. Elle a été publiée dans la revue scientifique PaleoAnthropology.