Incendies en Sibérie Des quantités «catastrophiques» de CO2 libérées en Arctique

ATS

4.11.2022 - 06:19

Les incendies de plus en plus importants en Sibérie arctique en raison du réchauffement climatique menacent de libérer d'énormes quantités de CO2 emprisonnées dans les sols, alerte une étude. Les chercheurs craignent qu'un seuil ne soit bientôt atteint.

Plus de 2,5 millions d'hectares ont été ravagés par les flammes en Sibérie en 2020 (archives).
Plus de 2,5 millions d'hectares ont été ravagés par les flammes en Sibérie en 2020 (archives).
ATS

4.11.2022 - 06:19

Au-delà de ce seuil, de petites hausses de températures provoqueront une augmentation exponentielle des feux dans cette région. En deux ans seulement, en 2019 et 2020, les incendies dans cette zone reculée du globe ont ravagé une surface équivalente à près de la moitié de celle brûlée ces 40 dernières années, a révélé cette étude publiée jeudi dans la revue Science.

Ils ont relâché quelque 150 millions de tonnes de carbone dans l'atmosphère, selon les estimations des chercheurs, contribuant au réchauffement climatique, dans un véritable cercle vicieux.

L'Arctique, au-dessus du cercle polaire, se réchauffe quatre fois plus vite que le reste de la planète. «C'est cette amplification climatique qui cause une activité anormale des feux», a déclaré à l'AFP David Gaveau, l'un des auteurs de ces travaux.

Dégel du pergélisol

Les chercheurs se sont concentrés sur une zone faisant cinq fois et demie la France, en observant grâce à des images de satellites les surfaces brûlées chaque année entre 1982 et 2020. En 2020, plus de 2,5 millions d'hectares ont été ravagés par les flammes, ont-ils constaté, relâchant en équivalent de CO2 la quantité émise par l'Espagne en une année.

Or, cette année-là, l'été sibérien était en moyenne trois fois plus chaud qu'en 1980. La ville russe de Verkhoïansk avait enregistré en juin 38 degrés celsius, le record pour l'Arctique. La température moyenne de l'air en été n'a dépassé les 10 degrés que quatre fois sur la période étudiée: en 2001, puis 2018, 2019 et 2020. Or, il s'agissait des quatre années avec le plus de feux.

Les chercheurs craignent que ce seuil de 10 degrés ne marque un «point de rupture», qui sera dépassé de plus en plus souvent, a expliqué David Gaveau. «Le système s'emballe et, pour une petite augmentation de degrés au-delà de 10 degrés, tout d'un coup, on a beaucoup de feux.»

Ces régions de Sibérie, en Russie, sont pour beaucoup des tourbières, des zones marécageuses pouvant être recouvertes de toundra. Elles absorbent le carbone. Les incendies ont ainsi pour effet de le relâcher dans l'atmosphère sous forme de CO2. Les feux endommagent aussi le pergélisol – sol gelé en permanence -, qui relâche alors dans l'atmosphère encore davantage de carbone, parfois pris dans la glace depuis des siècles voire des millénaires.

«Cela veut dire que des puits à carbone sont transformés en sources de carbone», explique David Gaveau. «S'il continue à y avoir des feux tous les ans, le sol sera de plus en plus en mauvais état. Donc, il y aura de plus en plus d'émissions par ces sols et c'est cela qui est très inquiétant.»

ATS