Nouveau traitementDes virus «mangeurs de bactéries» sauvent une adolescente condamnée
tafi
21.5.2019
Elle n’avait aucune chance de survie avant que les médecins ne lui administrent des virus génétiquement modifiés. Ce traitement par bactériophages a sauvé la vie d’une Britannique de 15 ans.
Si Isabelle, aujourd’hui âgée de 17 ans, peut profiter de moments avec ses amis ou passer son permis de conduire, presque personne n’y aurait cru il y a encore un an. Encore moins les médecins qui traitaient cette adolescente britannique: en janvier 2018, ils ont estimé ses chances de survie à un pour cent à peine. Mais des bactériophages génétiquement modifiés infiltrés dans le corps de la jeune fille ont sauvé la vie d’Isabelle.
Atteinte de mucoviscidose, l’adolescente a été admise fin 2017 dans un hôpital londonien pour une transplantation pulmonaire. L’opération a été réalisée avec succès, mais une grave infection est survenue ensuite. Des bactéries dangereuses se sont propagées dans tout le corps, affectant les sutures et les organes, comme le rapportent plusieurs médias, dont CNN.
Aucune chance de survie, puis un dernier espoir
La jeune fille déclinait rapidement sur le plan physique, son état de santé se détériorait jour après jour et les antibiotiques étaient sans effet face aux germes multirésistants. Les médecins avaient déjà pratiquement abandonné leur patiente. Mais pas les parents d’Isabelle, qui ont donné aux médecins l’idée d’appliquer une méthode de traitement expérimentale.
Le traitement par bactériophages, ou virus «mangeurs de bactéries», était nouveau et n’avait pas encore été appliqué avec succès. Les médecins plaçaient néanmoins dans cette méthode de grands espoirs pour l’avenir. Pour Isabelle, c’était en tout cas le dernier espoir.
Les bactériophages sont des virus spéciaux génétiquement modifiés. Ils infectent uniquement les bactéries et intègrent leur matériel génétique dans les bactéries hôtes, de sorte que ces dernières produisent d’autres bactériophages. Les agents pathogènes sont en principe mangés. Ce n’est que l’an dernier que le Britannique Gregory Winter s’est vu décerner le prix Nobel de chimie pour ses recherches sur les bactériophages.
Les agents pathogènes mangés par des virus spéciaux
Les médecins londoniens ont reçu les virus «mangeurs de bactéries» appropriés de l’université de Pittsburgh. Isabelle s’est vu administrer pendant 32 semaines un traitement par voie intraveineuse composé d’un cocktail de trois souches de bactériophages appelées Muddy, ZoeJ et BPs. Ses plaies ont également été enduites d’une solution phagique, comme le décrivent les médecins dans une étude de cas publiée dans la revue «Nature Medicine».
Depuis, les bactéries ont presque complètement disparu du corps d’Isabelle. Bien que le traitement par bactériophages ait seulement permis de lutter contre les complications de la transplantation pulmonaire et n’ait pas guéri Isabelle de sa mucoviscidose, sa mère est ravie qu’elle puisse enfin mener une vie normale.
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