Sciences & Technique En pleine pandémie, le Nobel de médecine à des découvreurs du virus de l'hépatite C

AFP

5.10.2020 - 15:01

En pleine pandémie de Covid-19, le prix Nobel de médecine a été attribué lundi à trois virologues, le Britannique Michael Houghton et les Américains Harvey Alter et Charles Rice pour leur rôle dans la découverte du virus responsable de l'hépatite C.

Le trio anglo-saxon est récompensé pour son rôle, à des années d'écart, pour leur «contribution décisive» à «la découverte du virus de l'hépatite C», a indiqué le jury Nobel, en pleine course mondiale pour percer les secrets d'une autre pandémie virale, celle du Covid-19.

A la fin des années 70, Harvey Alter, 85 ans aujourd'hui, avait identifié qu'un contamination hépatitique mystérieuse avait lieu lors de transfusions alors qu'elle n'était ni l'hépatite A ni l'hépatite B, a souligné le jury.

Des années plus tard, en 1989, Michael Houghton et son équipe sont crédités de la découverte de la séquence génétique virus. Quant à Charles Rice, 68 ans, il a décortiqué pendant de longues années la façon dont le virus se répliquait, des travaux qui ont conduit à l'émergence d'un nouveau traitement révolutionnaire au tournant des années 2010, le sofosbuvir.

Le prix est le premier directement lié à un virus depuis celui de 2008, qui avait récompensé les découvreurs français du sida, François Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, et un pionnier des papillomavirus, l'Allemand Harald zur Hausen.

Depuis un premier prix -de Chimie- à deux virologues en 1946, ce Nobel vient s'ajouter aux 17 prix Nobel directement ou indirectement liés à des travaux sur les virus.

Avec ce 111e Nobel de Médecine, ils sont désormais 222 individus à s'être vu décerner le prix «de physiologie ou de médecine» depuis sa création, dont seulement 12 femmes.

De la découverte il y a plus d'un demi-siècle de deux types de lymphocytes, B et T, essentiels dans la compréhension de notre système immunitaire, jusqu'à la percée des «ciseaux moléculaires» en génétique dans les années 2010, en passant par des travaux le cancer du sein, plusieurs grandes avancées médicales – et leurs auteurs – étaient citées par les experts comme nobélisables cette année.

D'autres scientifiques avaient été évoqués comme nobélisables pour leurs travaux sur l'hépatite C, l'Allemand Ralf Bartenschlager pour de la recherche fondamentale, et l'Américain Michael Sofia pour la mise au point du sofosbuvir, désormais vendu à prix d'or par le laboratoire Gilead sous le nom de Sovaldi.

- première depuis 1944 -

L'Académie suédoise des Sciences veille jalousement au secret et aucune des centaines de nominations en lice chaque année n'est jamais confirmée.

L'an dernier, le Nobel de médecine avait récompensé les Américains William Kaelin et Gregg Semenza, ainsi que le Britannique Peter Ratcliffe.

Ils avaient découvert, à partir des années 1990, comment les cellules de l'ensemble du corps détectent et s'adaptent à divers niveaux d'oxygène. Les premières applications thérapeutiques ont vu le jour au milieu des années 2000, notamment contre le cancer.

Si les Nobel 2020 sont bien annoncés comme prévu cette semaine, le coronavirus a entraîné l'annulation de la cérémonie physique de remise des prix, le 10 décembre à Stockholm. Une première depuis 1944.

Le ou les lauréats annoncés lundi, qui se partageront près d'un million d'euros, doivent recevoir leur prix dans leur pays de résidence, possiblement via une ambassade suédoise ou dans leurs universités.

Cette édition 2020 des Nobel, qui se poursuit mardi avec la physique et mercredi avec la chimie, est considérée comme particulièrement ouverte.

Pour la paix, la liberté de la presse (Reporters sans frontières, Comité pour la protection des journalistes...) ou le climat, avec l'adolescente suédoise Greta Thunberg et les Fridays for Future, sont évoqués pour succéder au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

D'autres experts pronostiquent un prix pour un organe onusien, par exemple l'Organisation mondiale de la santé, ou pour l'Afghane Fawzia Koofi.

Pour la littérature jeudi, les critiques interrogés cette année par l'AFP ont évoqué une quinzaine de noms, avec des profils allant de l'Américano-caribéenne Jamaïca Kincaid à l'Albanais Ismaïl Kadaré en passant par la Canadienne Anne Carson.

A moins que Michel Houellebecq ou Maryse Condé, également cités comme potentiels lauréats, n'apportent un seizième prix à la France, en tête du nombre de lauréats en littérature.

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