Progrès Eradiquer la dengue en inoculant une bactérie aux moustiques

ATS

4.8.2021 - 11:41

La ville de Nouméa espère avoir éradiqué les épidémies de dengue, grâce à une méthode innovante lancée il y a trois ans. Elle consiste à inoculer une bactérie aux moustiques, a indiqué mercredi la municipalité.

Keystone-SDA

Dans cette photo du 17 mai 2016, fournie par l'Université du Wisconsin-Madison, Matthew Aliota, scientifique adjoint au Département des sciences pathobiologiques de la Faculté de médecine vétérinaire, travaille avec une souche de moustique Aedes aegypti dans un laboratoire de recherche insectarium du Hanson Biomedical Sciences Building sur le campus, à Madison, Wisconsin.
Dans cette photo du 17 mai 2016, fournie par l'Université du Wisconsin-Madison, Matthew Aliota, scientifique adjoint au Département des sciences pathobiologiques de la Faculté de médecine vétérinaire, travaille avec une souche de moustique Aedes aegypti dans un laboratoire de recherche insectarium du Hanson Biomedical Sciences Building sur le campus, à Madison, Wisconsin.
AP

«Les premiers résultats sont très encourageants et on a quasiment la certitude qu'il n'y aura plus d'épidémie de dengue à Nouméa», a déclaré lors d'une conférence de presse Tristan Derycke, adjoint au maire en charge de la santé.

La ville a signé en 2018 un partenariat avec l'université de Monash à Melbourne (Australie) dont une équipe de scientifiques a mis au point une technologie qui consiste à introduire dans les moustiques de type Aedes aegypti, vecteurs de la dengue, la bactérie Wolbachia. Cette bactérie, présente en milieu naturel, bloque la transmission à l'homme des arbovirus tels que la dengue, le zika ou le chikungunya. Les insectes sont ensuite lâchés dans la nature.

«Entre juillet 2019 et juin dernier, 12 millions de moustiques Wolbachia ont été lâchés en 2600 points de la ville. Aujourdhui, plus de 70% des moustiques Aedes aegypti présents sur la commune sont porteurs de la bactérie», s'est félicité Nadège Rossi, chef du «World mosquito program» en Nouvelle-Calédonie, qui a reçu l'appui de l'institut Pasteur.

Résultats probants

Sur les sept premiers mois de l'année, alors que les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables au développement des gîtes larvaires, Nouméa n'a enregistré que 52 cas de dengue contre 1324 en 2019, dont un mortel. A l'échelle de tout le territoire, les résultats sont également probants avec une soixantaine de cas de dengue recensés en 2020 contre 2556 en 2018 et deux décès et 3918 en 2019 et également deux cas mortels.

«Nouméa est généralement l'épicentre de l'épidémie, ce qui explique la portée du programme sur l'ensemble du territoire», a déclaré M. Derycke, précisant que deux communes de l'agglomération allaient néanmoins mettre en oeuvre la méthode Wolbachia.

Compte tenu de la réduction drastique de la desserte aérienne depuis mars 2020 à cause du Covid-19, l'impact ne pourra être complètement mesuré qu'après la reprise de la circulation des populations.

Les institutions calédoniennes et l'Etat ont investi 430 millions CFP (3,6 millions d'euros) dans ce programme tandis que le coût d'une épidémie de dengue a été chiffré par la direction des affaires sanitaires et sociales à 1,6 milliard CFP.

Déjà appliquée dans d'autres îles du Pacifique et dans plusieurs régions d'Australie, de Colombie, d'Indonésie ou du Vietnam, la méthode Wolbachia a à chaque fois réduit l'incidence de la dengue de 55% à 98%. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la dengue, qui progresse avec le réchauffement climatique, touche environ 390 millions de personnes par an, causant plusieurs milliers de morts.