Sous haute surveillanceEt si la maladie du «cerf zombie» se transmettait aux humains?
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9.1.2024
Une maladie de la même famille que celle dite de la «vache folle» touche les cervidés. Après qu'un cas a été détecté dans la réserve naturelle de Yellowstone aux Etats-Unis, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme, craignant notamment une possible transmission à l'être humain.
La maladie du "cerf zombie" peut-elle se transmette aux humains?
Une drôle de maladie qui touche les cervidés a été détectée récemment sur un individu au coeur de la réserve de Yellowstone. Il n'est pas exclu que cette zoonose se transmette aux humains, estiment les scientifiques.
09.01.2024
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09.01.2024, 15:45
09.01.2024, 15:53
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En octobre dernier, a-t-on pu lire dans The Guardian, un cerf de la célèbre réserve naturelle de Yellowstone est mort des suites de la maladie débilitante chronique (MDC), du même type que la maladie de la «vache folle» ou la «tremblante du mouton».
Causée par un prion (ndlr: un type de protéine) qui s'accumule anormalement dans les cellules nerveuses jusqu'à les faire éclater, la maladie du «cerf zombie» touche cette fois-ci les cervidés. Cerfs, orignaux, wapiti, caribous et rennes sont tous concernés.
Incurable et hautement contagieuse, elle provoque chez les animaux infectés une lente agonie à mesure qu'elle se développe. Baveux, léthargiques, émaciés, trébuchants et avec un «regard vide» caractéristique, les cervidés finissent invariablement par en mourir.
«Une catastrophe à évolution lente»
La MDC n'est pas un phénomène totalement nouveau: elle a été définie en 1978 déjà. Mais il s'agit de ce que l'on appelle une maladie émergente. Elle se serait étendue à ce jour à un peu plus d'une vingtaine d'états américains et quelques cas ont aussi été observés au Canada, ainsi qu'en Europe: en Norvège et en Suède.
Au Québec, par exemple, un élevage de cerfs rouges de la région des Laurentides a été touché en 2018. À la suite de cette découverte, une réduction de la population de cerfs a été effectuée afin d’éviter l’établissement de la maladie chez les cervidés sauvages. Une zone de surveillance rehaussée a également été mise en place afin de détecter rapidement toute émergence de la maladie chez les cervidés sauvages du secteur touché.
La maladie est une «catastrophe à évolution lente», déclare dans The Guardian le Dr Michael Osterholm, un épidémiologiste qui a étudié l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine, ou «maladie de la vache folle» au Royaume-Uni, et qui est directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses à l'université du Minnesota.
Quels risques pour l'être humain?
Paradoxalement, l'arrivée de la maladie du «cerf zombie» à Yellowstone peut être considérée comme une opportunité: «Ce cas constitue un signal d'alarme important pour le public», indique le Dr Thomas Roffe, vétérinaire et ancien chef de la santé animale au Fish & Wildlife Service, une agence fédérale américaine.
«Il place la maladie du dépérissement chronique sur le radar de l'attention générale d'une manière qui n'existait pas auparavant - et c'est, ironiquement, une bonne chose», ajoute-t-il dans les colonnes du Guardian.
L'évolution de la maladie et sa propagation restent incertaines à ce jour. Et si elle ne concerne que les cervidés pour l'instant, les scientifiques n'excluent pas qu'elle s'attaque à d'autres espèces animales. Y compris d'ailleurs, à l'être humain.
Comparant la maladie du «cerf zombie» à celle de la «vache folle», qui était passée du bétail à l'homme après consommation de viande contaminée, l'expert de la faune sauvage Dennis Anderson relève: «Personne ne dit que cela va certainement se produire, mais il est important que les gens soient préparés».
Le Dr Raina Plowright, écologiste spécialiste des maladies à l'université de Cornell, estime que la maladie du dépérissement chronique «doit être considérée dans le contexte de l'émergence de dangereux agents pathogènes zoonotiques qui franchissent les barrières entre l'homme, le bétail et la faune sauvage dans le monde entier».
Viande contaminée dans l'assiette...
Aux États-Unis, les centres américains de contrôle des maladies et les différents États recommandent vivement que les animaux chassés soient soumis à des tests de dépistage des maladies et que la viande des cervidés qui semblent malades ne soit pas consommée.
Selon les experts interrogés par le Guardian, plusieurs milliers de personnes auraient déjà mangé de la viande contaminée dans l'état du Wisconsin.