Viticulture Et si les huiles essentielles remplaçaient le glyphosate?

Relax

3.3.2022 - 10:58

Le glyphosate constitue l'herbicide le plus utilisé dans les vignobles français. À l'heure où l'agriculture tricolore doit trouver des solutions pour ne plus avoir recours à ce produit chimique controversé, une formule brevetée à base d'huiles essentielles pourrait aider les viticulteurs à atteindre cet objectif. 

Désormais, les vignerons français ne peuvent pas répandre plus de 450g de glyphosate par hectare et par an
Désormais, les vignerons français ne peuvent pas répandre plus de 450g de glyphosate par hectare et par an
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Pourquoi on en parle ? 

En janvier dernier, une étude de l'association Campagne Glyphosate France indiquait que 99,8% de la population française était contaminée au glyphosate. Des concentrations plus élevées de cet herbicide controversé avaient été relevées dans les urines des hommes, des enfants et des agriculteurs. Plus connu du grand public sous la marque «Roundup», ce produit chimique lancé par Monsanto en 1974 fait débat au sein de la communauté scientifique. L'Organisation Mondiale de la Santé, par le biais du Centre international de recherche sur le cancer, le reconnaît comme «cancérigène probable». Les chercheurs ont en effet établi un lien entre l'apparition d'un cancer lymphatique (le lymphome non hodgkinien) et l'exposition au glyphosate. 

Pour autant, en 2015, l'EFSA – l'Autorité européenne de sécurité des aliments, avait publié un rapport concluant «qu'il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'homme». L'utilisation de l'herbicide reste autorisée au sein de l'Union européenne jusqu'au 15 décembre prochain, y compris dans les vignobles. Dans un rapport publié en 2017, l'INRAE indiquait que «la viticulture est un secteur fortement utilisateur de glyphosate». C'est même l'herbicide le plus utilisé puisqu'il concerne 75% des surfaces viticoles traitées. On estime que la quantité déversée au pied des ceps varie entre 400 et 1000g par hectare. D'après les données de l'Institut national de la recherche agronomique, le Languedoc-Roussillon représentait il y a cinq ans le vignoble le plus gourmand en glyphosate, avec 72.099 hectares traités. Par comparaison, seuls 4.154 hectares des vignes alsaciennes avaient été aspergés par du glyphosate. 

Depuis octobre 2020, il faut savoir que son utilisation est interdite dans les vignes dès lors que des alternatives existent. Par ailleurs, les viticulteurs ont le droit d'utiliser 450g maximum de produit par hectare et par an. 

La solution : un cocktail d'huiles essentielles pour ne plus utiliser de glyphosate

En Belgique, l'entreprise Apeo (Agronomical Plant Extracts & Essential Oils), une société qui dépend de l'Agro-Bio Tech Université de Liège, a levé au printemps 2021 six millions d'euros d'investisseurs publics et privés afin de concrétiser le lancement d'une formule qui pourrait préciser la sortie du glyphosate. Il s'agit d'une formule secrète permettant de détruire les adventices, c'est-à-dire les mauvaises herbes, que les viticulteurs doivent arracher au pied des vignes.

Le cocktail gagnant, qui est le résultat de plusieurs assemblages d'huiles essentielles, serait également efficace lors de l'épamprage : une étape cruciale pour les vignerons consistant à débarrasser un cep de vigne de rameaux, des branches qui ne produisent pas de fruits. Cela permet de stimuler la maturation des baies sur le reste du pied de vigne. Selon le média spécialisé Vitisphère, la formule qui a été brevetée en 2019 devrait être commercialisée à partir de 2026.

A l'occasion du Salon international de l'Agriculture, qui se déroule à Paris jusqu'au 6 mars, on a décidé de dresser le portrait d'une série d'enjeux qui recomposeront le contenu de notre assiette et redéfiniront la façon dont notre alimentation sera produite demain. Et à chaque problématique, on vous propose d'y apporter une solution.