Armée Bourbarki Ignazio Cassis a traversé la frontière pour célébrer les Bourbakis

js, ats

29.1.2022 - 16:51

Le président de la Confédération a traversé samedi la frontière franco-suisse aux Verrières (NE) pour célébrer le 150e anniversaire de l'internement en Suisse de l'armée française de l'Est, l'armée Bourbaki. Ignazio Cassis y a rappelé l'importance de la solidarité.

29.1.2022 - 16:51

«En signant la Convention des Verrières, la Suisse a offert gîte et protection à près de 90’000 soldats et officiers français. Ce qui représentait environ 3% de la population suisse de l’époque», a déclaré le conseiller fédéral, en charge des Affaires étrangères en présence d'officiels français, dont Jean-Baptiste Lemoyne, le ministre délégué chargé du Tourisme, et de l'ambassadeur de France en Suisse.

«Liens inaliénables»

Le président de la Confédération a souligné que cet accueil «témoigne de la solidarité sans faille et des liens inaliénables entre nos deux pays».

Ignazio Cassis a rappelé qu'il faut se souvenir que la paix en Europe depuis près de 80 ans est due à l'unification européenne. «Il est essentiel de ne pas oublier l’objectif à l’origine de l’Union européenne: plus jamais de guerre sur le sol européen», a-t-il ajouté.

Le président de la Confédération a aussi mentionné le rôle du CICR depuis sa création en 1863. «Le passage de la frontière de l’armée du général Bourbaki a fortement rendu visible l’idée de fond du CICR», a-t-il expliqué, en précisant qu'il allait mettre «un accent particulier sur la collaboration entre la Suisse et le CICR au cours de son année présidentielle».

Le 1er février 1871, plus de 87'000 soldats de l'armée française du général Bourbaki se sont réfugiés en Suisse. Il s'agit du plus grand accueil de réfugiés dans notre pays. Pour célébrer ce 150e anniversaire, Ignazio Cassis a tenu à être présent des deux côtés de la frontière franco-suisse et a accompagné le cortège historique, qui est parti, côté français, des Verrières-de-Joux et qui a rejoint les Verrières, côté neuchâtelois.

Salves

Le défilé était composé de groupes historiques français en costume d'époque ainsi que deux batteries de campagne suisse, la neuchâteloise 14 et la fribourgeoise 13, en uniforme du 19e siècle. Les Fribourgeois ont tiré des coups devant la douane avec un canon déjà présent aux Verrieres il y a 150 ans. Quant à Ignazio Cassis, il a tiré avec un canon datant de 1723 du bataillon neuchâtelois devant le temple, après la gerbe de fleurs.

Outre le cortège historique, des animations musicale et théâtrale, une conférence, des expositions ainsi qu'un parcours thématique de cinq kilomètres à travers Les Verrières ont été proposés. La célébration des 150 ans aurait dû se tenir l'an dernier mais a été repoussée d'une année en raison de la pandémie.

Plusieurs centaines d'invités et de spectateurs ont assisté samedi aux différents événements de la cérémonie, selon un photographe de Keystone-ATS sur place.

Au musée du Panorama à Lucerne

Le musée du Panorama Bourbaki, à Lucerne, a toutefois déjà inauguré le 11 mai 2021 une exposition spéciale intitulée «Au-delà des frontières. Curiosité, espoir et courage», qui se tient jusqu'à la fin 2022. Celle-ci invite les visiteurs à un examen thématique des frontières et des expériences transfrontalières en montrant que les frontières ne créent pas qu'une séparation, mais qu'elles unissent également.

La guerre franco-allemande de 1870-1871 s'est soldée par la défaite de la France. En janvier 1871, le général Charles Denis Bourbaki (1816-1897) déploie son armée pour mener une contre-offensive dans l'espoir de repousser l'armée allemande. Les soldats français sont encerclés dans le Jura français par les troupes allemandes.

L'armée Bourbaki se retranche alors à Pontarlier (F), tout près de la frontière suisse des Verrières, et demande l'asile militaire au Conseil fédéral. Entre le 31 janvier et le 3 février 1871, plus de 87'000 soldats et 12'000 chevaux entrent en Suisse.

Après avoir été désarmés par l'armée suisse, les soldats français sont soignés, nourris et hébergés dans 188 communes de tout le pays, à l'exception du Tessin. L'armée Bourbaki quitte la Suisse six semaines plus tard pour retourner en France.

A Lucerne, le tableau circulaire du panorama Bourbaki (110 m sur 14) montre l'entrée de l'armée Bourbaki aux Verrières. Il a été peint en 1881 par Edouard Castres (1838-1902) et une équipe de peintres dont faisait partie le jeune Ferdinand Hodler. Le panorama a d'abord été exposé à Genève avant d'être installé à Lucerne en 1889.

js, ats