Initiative plébiscitée Il y a 30 ans, le 1er Août devenait férié dans toute la Suisse

misc, ats

28.7.2024 - 09:46

Pour beaucoup de Suisses, avoir congé le 1er Août est devenu une évidence. Pourtant, cela ne fait que 30 ans que la fête nationale est un jour férié au niveau national.

Ce n'est que depuis 1994 que le jour est férié dans toute la Suisse.
Ce n'est que depuis 1994 que le jour est férié dans toute la Suisse.
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Des feux d'artifice aux brunchs à la ferme, de nombreuses traditions sont liées au 1er Août. Parmi les plus anciens, beaucoup se rappellent avec nostalgie de la vente des insignes du 1er Août durant leur enfance. Avoir congé ce jour-là est en revanche beaucoup plus récent.

Ce n'est que depuis 1994 que le jour est férié dans toute la Suisse. Moins d'un an plus tôt, le 26 septembre 1993, pas moins de 83,8% des votants et tous les cantons acceptaient l'initiative «Pour un jour de la Fête nationale férié» des Démocrates suisses (DS, ex-Action nationale). C'est le meilleur résultat jamais enregistré par une initiative populaire fédérale.

Législations disparates

Jusque-là, les cantons avaient la liberté de décider eux-mêmes si le 1er Août était légalement un jour de congé ou non. En 1993, ce n'était le cas que dans cinq cantons. Dans d'autres cantons, la fête nationale donnait droit à une demi-journée de congé.

L'approbation avait été la plus forte au Tessin (93%) et à Genève (90,4%), la plus faible en Appenzell Rhodes-Intérieures (59,3%) et à Obwald (68%).

Dans tous les autres cantons, plus de 80% des votants avaient soutenu le projet des DS, parti de la droite nationaliste qui n'a pourtant jamais dépassé les 7,5% de force électorale (en 1971), selon le Dictionnaire historique de la Suisse.

«Un peuple travailleur»

Pendant longtemps, la Suisse n'a pas ressenti le besoin d'un congé le 1er Août. Déjà au moment de la Première Guerre mondiale, le Conseil fédéral estimait qu'"une fête simple, avec des sonneries de cloches et des feux» correspondait le mieux «aux traditions simples et laborieuses du peuple».

Lors d'un sondage réalisé en 1977, les cantons avaient rejeté à une large majorité l'idée d'instaurer un jour férié. Mais le vent a tourné dans les années 1990. Lors de la campagne de votation, presque toutes les formations politiques soutenaient l'initiative des DS.

Seul le Parti libéral s'y opposait pour des raisons «essentiellement fédéralistes». L'union patronale et l'Union suisse des arts et métiers (USAM) avaient également rejeté ce qu'elles considéraient comme une charge supplémentaire imposée à l'économie.

Grincements de dents

Les Verts avaient eux laissé la liberté de vote, pour ne pas avoir à défendre un texte des DS. Plus globalement, le soutien à l'initiative de l'ex-Alliance nationale de James Schwarzenbach ne s'est pas fait sans réticences, comme le montrent les débats au Conseil national en mars 1993.

Le conseiller national Duri Bezzola (PRD/GR) avait ainsi affirmé que son groupe voterait sans enthousiasme en faveur du projet. Selon lui, la réglementation en vigueur alors fonctionnait bien, alors qu'avec l'initiative des DS, «on régule au lieu de déréguler».

Le socialiste bernois Georges Eggenberger avait estimé pour sa part que la grande majorité des Suisses souhaitait une fête nationale à l'occasion de laquelle tout le monde aurait congé. Il jugeait toutefois regrettable que le 1er Mai ne soit pas déclaré férié en même temps.