Energie L'hydrogène écrit son avenir dans la Ville de Belfort

ATS

19.10.2023 - 08:44

Pour sa directrice Marie-Cécile Péra, le FC Lab est le chaînon manquant dans le transfert des compétences de recherche vers l'industrie.
Pour sa directrice Marie-Cécile Péra, le FC Lab est le chaînon manquant dans le transfert des compétences de recherche vers l'industrie.
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Un pari sur l'avenir: en 1999, Belfort accueille un centre de recherche sur la pile à combustible, équipement clé de la filière hydrogène. Un quart de siècle plus tard, le FC Lab existe toujours et reste en lien constant avec les industriels.

Keystone-SDA

«Ici, ce sont des essais confidentiels», dit en souriant David Bouquain, directeur adjoint du FC Lab au cours d'une visite proposée dans le cadre du forum «Hydrogen business for climate», organisé à Belfort. Derrière la porte, un industriel teste une pile à combustible, un vecteur qui permet de transformer l'hydrogène en électricité.

L'Etat investit massivement dans cette technologie afin de décarboner l'industrie et les transports. D'ici à 2030, il doit investir 7,2 milliards d'euros pour atteindre 6,5 gigawatts de capacité de production, soit la production de 600 kilotonnes par an d'hydrogène décarboné.

Impulsion de Chevènement

Le FC Lab est une unité d'appui et de recherche autour des systèmes hydrogène énergie, qui regroupe plus de 150 chercheurs et associe établissements d'enseignement supérieur et laboratoires de recherche. Il est né en 1999 sous l'impulsion de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, et Claude Allègre, ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie.

M. Chevènement, lui-même ancien député de Belfort, était convaincu de l'importance d'une liaison entre la recherche et l'industrie et se remémore le colloque national de la recherche et de la technologie qu'il organisa en janvier 1982. L'homme d'Etat, âgé de 84 ans, reconnaît que beaucoup d'entreprises étaient réticentes.

Dès le début, le FC Lab est donc orienté vers une logique appliquée, insiste Marie-Cécile Péra, actuelle directrice et professeure des universités en génie électrique à l'Université de Franche-Comté.

Pile à combustible

L'idée de travailler sur la pile à combustible est retenue rapidement: «Nous savions très bien qu'un jour il y aurait un problème avec le développement des énergies intermittentes comme le solaire ou l'éolien, dont la disponibilité peut varier», explique Jean-Pierre Chevènement. Il fallait donc un vecteur.

C'est la fonction de l'hydrogène et de la pile à combustible. Aujourd'hui, le laboratoire travaille aussi sur l'électrolyseur, qui transforme l'électricité en hydrogène et permet donc de stocker et de transporter le courant.

«Le FC Lab est le plus important laboratoire européen sur les systèmes dédiés à l'hydrogène énergie», reprend Marie-Cécile Péra. La plateforme, accessible aux entreprises, propose 600 m2 consacrés aux tests, dont 16 bancs d'essai, pour un spectre de puissance allant de 500 W à 150 kilowatts. «Il n'y a qu'ici qu'on a ces niveaux de puissance», certifie la directrice. «Nous avons le même degré d'exigence pour une prestation industrielle que pour les activités de recherche».

Au service des entreprises

La structure travaille avec une quinzaine de PME et une dizaine de grands groupes. Elle a collaboré avec le producteur de piles à combustibles français Symbio, co-entreprise de Michelin et de Forvia, dans laquelle Stellantis a récemment investi.

«Les industriels viennent avec un problème», explique Marie-Cécile Péra et le FC Lab les accompagne pendant une période de six à 18 mois, pour lever «un verrou technologique». «Le FC Lab est le chaînon manquant dans le transfert des compétences de recherche vers l'industrie».

Cette recherche est aujourd'hui le terreau de la filière hydrogène, résume Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté. Dans une même stratégie d'anticipation, la collectivité va répondre à un appel à projets de l'État pour obtenir le label «Ecole nationale de l'hydrogène».

Ce label reconnaît l'organisation d'une filière de compétences et de formation. «On ne peut pas avoir une ambition en matière d'hydrogène si, en même temps, on n'anticipe pas les besoins en matière de compétences», défend la présidente.

La Région veut proposer une offre de formation du demandeur d'emploi à l'ingénieur, en passant par la formation continue. L'enjeu, comme l'a rappelé à la rentrée la filière hydrogène française: pourvoir 100'000 emplois en 2030.