SibérieLa canicule pourrait entraîner de nouvelles émissions de méthane
Relax
5.8.2021 - 11:38
Les épisodes de canicule en Sibérie se multiplient et pourraient être à l'origine d'émissions de méthane supplémentaires. Si les risques restent faibles à l'heure actuelle, des scientifiques alertent sur la nécessité de surveiller cette menace de près, en particulier si la crise climatique s'aggrave dans les années à venir.
ETX Studio
05.08.2021, 11:38
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Confrontée à des épisodes inédits de chaleur, la Sibérie est actuellement en proie aux incendies, en particulièrement en Yakoutie, située dans le nord-est de la province russe. Un phénomène inquiétant, d'autant qu'il survient dans l'une des zones les plus froides du monde.
Ayant déjà essuyé la vague de chaleur la plus extrême au monde en 2020, la Sibérie a exhalé des émissions de méthane provenant du pergélisol, la fameuse couche de glace recouvrant une partie de la Terre et constituant l'un des plus grands puits de carbone au monde, mais qui fond à vue d'œil sous l'effet du réchauffement climatique. L'un des plus grands dangers de la fonte du pergélisol est de libérer des quantités astronomiques de gaz à effet de serre, tels que le carbone ou le méthane.
Si la taille des stocks de carbone et l'ampleur des émissions possibles de méthane en provenance de l'Arctique font encore l'objet de grandes incertitudes, des scientifiques à l'origine d'un nouveau rapport alertent toutefois sur la nécessité de continuer les recherches et de surveiller cette potentielle «bombe climatique».
En effet, dans le plus pessimiste des scénarios, des quantités importantes de méthane pourraient être relâchées si la crise climatique venait à s'aggraver, avec des effets dévastateurs sur la planète. «Nous avons observé une augmentation significative de la concentration de méthane à partir de l'été dernier. Elle s'est maintenue pendant l'hiver, ce qui signifie qu'il a dû y avoir un flux régulier de méthane provenant du sol», souligne le professeur en géologie Nikolaus Froitzheim, de l'université rhénane Friedrich Wilhelm de Bonn (Allemagne), qui a dirigé cette recherche parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
Pouvoir réchauffant préoccupant
Réalisée à partir d'observations satellitaires dans la péninsule de Taïmyr au nord de la Sibérie, l'étude a identifié la présence des roches calcaires contenant des doses importantes de méthane, retenues par le pergélisol. Dans cette zone, les concentrations de méthane atmosphérique ont considérablement augmenté pendant et après la vague de chaleur de 2020.
«Nous suggérons que les hydrates de gaz dans les fractures et les poches des roches carbonatées dans la zone de pergélisol sont devenus instables en raison du réchauffement de la surface. Ce processus pourrait ajouter des quantités inconnues de méthane à l'atmosphère dans un avenir proche», alertent les auteurs de l'étude.
D'après les estimations d'une étude canadienne publiée en 2017, le méthane aurait un pouvoir réchauffant potentiellement 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans. Les émissions de ce gaz à effet de serre relâchées dans l'atmosphère sont principalement liées à l'activité agricole et les énergies fossiles.