Il y a 50 ans La mystérieuse disparition du sous-marin nucléaire «USS Scorpion»

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8.6.2018

Le sous-marin nucléaire «USS Scorpion» a sombré dans l'Atlantique à l'apogée de la Guerre froide. Pour l'instant, les causes de la catastrophe n'ont pas encore été clarifiées de manière définitive: la rumeur selon laquelle le sous-marin a été coulé par l'armée soviétique est particulièrement tenace.

Un amiral de la Marine américaine aurait déclaré qu'il s'agissait de «l'un des plus grands mystères non résolus de notre ère»: le soir du 21 mai 1968, Francis Slattery, le commandant de l'«USS Scorpion», avait émis un message indiquant qu'il se trouvait à 50 milles marins au sud des Açores et faisait route vers les États-Unis via l'itinéraire assigné.

Le 27 mai cependant, le sous-marin n'était pas rentré à son port d'attache de Norfolk, dans l'État américain de Virginie, comme cela était prévu. Dans l'intervalle, l'équipage n'avait lui non plus plus donné aucun signe de vie — l'«USS Scorpion» avait disparu dans l'obscurité de l'Atlantique, avec son réacteur nucléaire et ses deux torpilles à ogive nucléaire.

L'«USS Scorpion», qui avait d'abord manœuvré en Méditerranée avec des partenaires de l'OTAN et s'était ensuite mis à surveiller les activités de la marine soviétique, avait probablement déjà coulé avec ses 99 membres d'équipage 18 heures après son dernier message, comme constaté par les scientifiques qui s'étaient lancés à sa recherche.

À ce moment-là, des balises d'écoute de la US Navy leur avaient justement permis d'identifier des explosions sous-marines à un endroit situé à 640 kilomètres au sud-ouest des Açores, un lieu qui fut ensuite baptisé «Point Oscar».

Cependant, les opérations de recherche de l'épave n'ont rien donné ni à «Point Oscar», ni plus à l'ouest — alors que c'est là qu'aurait dû se trouver l'«USS Scorpion». John Craven, spécialiste du monde sous-marin au sein la marine américaine, a alors effectué d'autres calculs et en a conclu que contre toute logique, le sous-marin s'était déplacé vers l'est. C'est grâce à plusieurs caméras sous-marines que le navire de recherche «Mirza» a finalement pu localiser l'«USS Scorpion» à l'est de «Point Oscar», à 3380 mètres de profondeur, cinq mois après sa disparition.

Pourquoi le «Scorpion» a-t-il fait route vers l'est?

Les clichés montraient que le «Scorpion» s'était brisé en deux. La partie avant comprenait la salle des torpilles et la centrale de commande, tandis que la partie arrière abritait la salle des machines et le compartiment réacteur. Le kiosque du sous-marin gisait à proximité, au milieu de petits débris.

En 1969, le bathyscaphe «Trieste II» a à nouveau pris de nombreuses photos de l'épave. En 1985, à la demande de la marine américaine, le submersible «Alvin» a plongé jusqu'au «Scorpion» — prétextant officiellement être à la recherche du «Titanic» — et a pris les premières photos couleur de l'épave. Ce n'est qu'en 1993 que le gouvernement Clinton a divulgué l'ensemble du rapport d'enquête sur l'incident. Même si les experts n'étaient pas en mesure d'identifier la cause définitive de la catastrophe et n'excluaient ni la piste de l'incendie, ni celle de la fuite de gaz, ni celle de l'inondation, ils considéraient le dysfonctionnement d'une des torpilles comme la cause la plus probable de l'accident.

Le fait que le «Scorpion» ait soudainement fait route vers l'est, ce qui pour certains indiquait que le sous-marin avait dû éviter un bâtiment ennemi, peut également s'expliquer par un problème de torpille: confrontés au «hot run» d'une torpille — en raison d'un défaut technique, le projectile s'active à bord de façon spontanée —, les commandants du sous-marin auraient dû manœuvrer dans la direction opposée. Suite à des accidents similaires survenus durant la Deuxième Guerre mondiale, toutes les torpilles avaient été équipées d'un dispositif capable de désactiver l'ogive après un virage à 180 degrés.

Il n'y a aucun cliché de la salle des torpilles

Comme l'ont déclaré des journalistes du New York Times en 1998, l'accident pourrait également avoir été occasionné par un dysfonctionnement de la batterie des torpilles. Au cours de tests réalisés antérieurement, des vibrations avaient entraîné la déchirure d'une membrane située à l'intérieur de la batterie, généré une surchauffe et provoqué un incendie. Aujourd'hui, on considère comme plus que probable qu'un tel défaut technique ait entraîné l'explosion d'une torpille, puis la destruction du sous-marin.

Cependant, on n'a jamais pu faire taire les rumeurs selon lesquelles le «Scorpion» aurait été coulé par l'armée soviétique. Après tout, le sous-marin avait été impliqué dans des opérations de surveillance des activités soviétiques. Seulement deux mois auparavant, le sous-marin soviétique K-129 avait disparu dans le Pacifique. À l'époque, Moscou avait prétendu que l'armée américaine avait quelque chose à voir dans la disparition du sous-marin. Dans un tel contexte, il n'est donc pas impossible que les Soviétiques aient voulu se venger.

Seules des images de la salle des torpilles, située dans la partie avant de l'épave de l'«USS Scorpion», pourraient peut-être permettre d'élucider définitivement l'énigme. Cependant, d'après la US Navy, il n'a jamais été possible de prendre des clichés de cette zone. Quoi qu'il en soit, la marine sonde régulièrement la zone située autour de l'épave à la recherche d'une éventuelle contamination radioactive. Pour l'instant, aucune radiation n'a encore été enregistrée — le réacteur serait donc encore étanche.

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