Biologie La taille des tortues n'a guère varié au cours de l'évolution

uc, ats

14.8.2023 - 11:25

A en croire une règle de l'évolution, les espèces animales actuelles sont en moyenne plus grandes que les espèces plus anciennes du même genre. Une étude dirigée par une chercheuse de l’Université de Fribourg (UNIFR) démontre que tel n’est pas le cas chez les tortues.

La plus grande espèce de tortue connue, la tortue luth, peut atteindre plus de deux mètres (archives).
La plus grande espèce de tortue connue, la tortue luth, peut atteindre plus de deux mètres (archives).
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Keystone-SDA, uc, ats

Les paléontologues ont remarqué que, au cours de leur évolution, certaines espèces ont tendance à devenir de plus en plus grandes. Ainsi l’Hyracotherium, un ancêtre du cheval qui vivait il y a une cinquantaine de millions d’années, ne dépassait pas les 20 centimètres au garrot.

Cette tendance des lignées à évoluer vers une taille corporelle plus grande est connu sous le nom de règle de Cope. Cette règle ne s’applique toutefois pas aux tortues, selon cette nouvelle étude publiée dans la revue Ecology and Evolution et dirigée par Bruna M. Farina, du Département de biologie de l’UNIFR.

Une étude exhaustive

Les tortues constituent un champ propice pour l’étude de l’évolution de la taille corporelle. On en connaît en effet plus de 357 espèces vivantes.

De surcroît, elles se caractérisent par une disparité de taille tout à fait remarquable: la plus petite espèce vivante, l'homopode marqué, n’excède pas les 10 centimètres, tandis que la plus grande, la tortue marine luth, peut atteindre les 2,20 mètres.

Les fossiles de tortues présentent un éventail encore plus large, la carapace de Stupendemys geographicus pouvant dépasser les 2,80 mètres. «C’est la raison pour laquelle il nous a semblé indispensable de prendre en compte la diversité des fossiles, ce que les études précédentes n’ont que rarement fait», explique Bruna M. Farina, citée dans un communiqué de l'UNIFR.

La chercheuse, avec des collègues d’institutions brésiliennes, américaines et allemandes, a étudié 795 espèces, dont 536 éteintes, soit un corpus plus de deux fois plus imposant que celui des études précédentes. «C’est même la plus grande base de données de ce type créée à ce jour», ajoute la paléontologue.

Aucune preuve

Conclusion: il n'y a aucune preuve d'une évolution de la taille corporelle des tortues, ni dans un sens ni dans l'autre. Mais l'habitat joue un rôle, les dimensions des tortues d'eau douce restant homogènes, tandis que celles des tortues marines et terrestres connaissent des variations sensibles.

«Ces résultats démontrent que la règle de Cope ne s’applique que rarement chez les vertébrés à l’exception de certaines lignées de mammifères et des ptérosaures, un ordre éteint de reptiles volants», conclut la chercheuse.