ClimatLa Terre ne sera pas sauvée sans contribution de l'Inde
ATS
22.4.2021 - 08:33
Les efforts déployés contre le changement climatique au niveau mondial pour faire en sorte que la Terre demeure vivable risquent d'être réduits à néant si l'Inde n'y contribue pas de façon significative, mettent en garde les experts.
22.04.2021, 08:33
ATS
«Tous les chemins menant à la réussite de la transition vers des énergies propres au niveau mondial passent par l'Inde», soulignait ainsi l'agence internationale de l'énergie (AIE), dans un récent rapport. Et d'ajouter: «Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés, pour l'Inde et le monde».
Le vaste pays asiatique, qui compte déjà 1,3 milliard d'habitants, devrait, selon l'ONU, devenir la nation la plus peuplée de la planète d'ici au milieu de la décennie. D'après l'AIE, sa population urbaine devrait s'élever à 270 millions d'individus en 2040, une taille significative pour son empreinte carbone.
Tous ces citadins auront besoin de logements, de véhicules, de biens de consommation, d'énergie et de climatisation pour survivre aux étés indiens caniculaires.
Charbon moins cher
Ces données donnent du grain à moudre en amont du sommet virtuel sur le climat convoqué par le président américain Joe Biden jeudi et vendredi et de la COP26 à Glasgow en novembre. Mais l'Inde n'entend pas recevoir de leçons de l'Occident, ont prévenu sans ambages les autorités indiennes.
A l'instar du ministre indien de l'environnement Prakash Javadekar qui rappelait, la semaine dernière à Delhi, au ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la «responsabilité historique», en matière d'émissions de gaz à effet de serre, de l'Occident qui «a pollué, détruit le monde et provoqué le changement climatique».
«Et maintenant, on nous dit qu'il ne faut pas utiliser le charbon. Les technologies alternatives doivent être beaucoup moins chères que le charbon. C'est seulement à ce moment-là que les gens abandonneront le charbon», a-t-il insisté. Cependant, «l'Inde est une nation responsable», a-t-il ajouté. «Elle fera ce qu'il faut pour faire face au changement climatique».
L'Inde subit déjà les ravages du changement climatique avec la fonte des glaciers de l'Himalaya, la crise de l'eau, la hausse des températures et la fréquence accrue des cyclones.
Energie renouvelable
La pollution atmosphérique due aux véhicules, à l'industrie, à la production d'électricité et à l'agriculture a été responsable de plus d'un million de décès prématurés dans le pays en 2019.
Contrairement à de nombreux autres pays, l'Inde est en passe de dépasser les objectifs volontaires qu'elle s'est fixés dans le cadre de l'accord de Paris. Il s'agit notamment de porter à 60% d'ici à 2030 la part des combustibles non fossiles dans la production d'électricité, contre un objectif initial de 40%.
L'Inde s'est également fixé l'objectif ambitieux d'atteindre 450 gigawatts de capacité en énergie renouvelable d'ici là. L'énergie solaire compte actuellement pour moins de 4% de sa production d'électricité et le charbon 70%. D'ici à 2040, le solaire et le charbon devraient représenter chacun environ 30% de la production, selon l'AIE.
Mais les émissions de carbone risquent encore d'augmenter de 50% d'ici à 2040, ce qui contrebalancerait entièrement la baisse prévue des émissions en Europe sur la même période.
Moderniser les infrastructures
Il est possible de réduire les émissions en modernisant l'infrastructure électrique de l'Inde. Mais la principale source des émissions de CO2 reste l'industrie et les transports, avec 25 millions de camions supplémentaires attendus sur les routes d'ici à 2040.
La production de charbon de l'Inde s'élève déjà à 700 millions de tonnes par an, ce qui la place en deuxième position derrière la Chine. «L'Inde devrait faire plus, mais elle devrait aussi obtenir le soutien de la communauté internationale», estime auprès de l'AFP Harjeet Singh, d'Action Aid Climate.
Les changements requis sont trop profonds pour que le pays puisse annoncer une date cible pour des émissions nettes nulles, à l'instar des États-Unis, de l'Union européenne et de la Chine.
Selon une étude du groupe de réflexion Council on Energy, Environment and Water (CEEW), il faudrait que la part du charbon, du pétrole et du gaz passe de 73% en 2015 à 5% pour atteindre zéro émission nette d'ici à 2050.
Le recours aux technologies existantes pour réduire ses émissions serait plus réaliste, mais un coût supplémentaire de 1,4 milliard de dollars devrait être supporté par les nations plus riches, selon l'AIE.
Pour le ministre Javadekar, la contribution financière à laquelle les pays développés s'étaient engagés n'a pas été fournie. «Où est l'argent? a-t-il demandé. «Il n'y a pas d'argent en vue».