25 fois plus nocifsLa viande de synthèse ne serait pas si meilleure pour la planète
Relax
12.5.2023 - 15:43
Deux milliards de dollars auraient déjà été investis dans la technologie de la viande de culture. Or, une étude de l'Université de Californie vient jeter un pavé dans la mare en battant en brèche l'argument écologique qui soutient souvent la légitimité de ce type de recherches. Pourtant, les steaks sans viande pourraient être jusqu'à 25 fois plus nocifs pour la planète que la viande de boeuf traditionnelle.
12.05.2023, 15:43
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Entre 80 et 92% d'émissions de CO2 en moins par rapport à un élevage conventionnel... Tel est l'argument brandi par la start-up française Gourmey pour vanter les mérites de son foie gras de synthèse. Nombre d'entreprises dans le monde qui se sont lancées dans la culture de la viande de synthèse utilisent cette affirmation pour convaincre du bien-fondé de leurs recherches. Selon le Good Food Institute, un lobby mettant en valeur de bonnes raisons de mettre en marche la commercialisation de la chair obtenue sous microscope, «si les énergies renouvelables sont utilisées tout au long de la chaîne d'approvisionnement, l'empreinte de la viande cultivée pourrait chuter à 2,8 kg CO2éq/kg. Même comparée à des scénarios futurs très optimistes pour la production de viande conventionnelle, cette empreinte carbone est jusqu'à 92% inférieure à celle du bœuf, 44% inférieure à celle du porc et à peu près la même que celle du poulet».
Le GFI faisait bien de préciser dans cette étude publiée en mars 2021 que l'on prenait en compte dans ces calculs des énergies renouvelables. Car le développement d'un steak de culture demande une énergie tellement conséquente que des scientifiques de l'Université de Californie relativisent le coût environnemental de la viande de laboratoire. D'après leurs calculs, la facture pourrait être 4 à 25 fois plus nocive pour le climat qu'un élevage classique. «Deux milliards de dollars ont déjà été investis dans cette technologie, mais nous ne savons pas si elle sera meilleure pour l’environnement», a indiqué Derrick Risner, dans la revue britannique The New Scientist.
Cette surprenante conclusion qui bat en brèche l'un des arguments totems des start-ups engagées dans la viande synthèse est le résultat d'une analyse qui a mesuré la quantité de dioxyde de carbone générée par de la viande de culture. Plusieurs étapes de cette fabrication posent en effet problème. D'abord le besoin en sucres, en vitamines, en acides aminés, en sel et en facteurs de croissance pour stimuler la production des cellules souches. Et puis surtout, les étapes d'extraction et de purification réalisées à l'appui de bioréacteurs particulièrement gourmands en énergie.
Les limites de l'argument écologique de viande de labo ont en réalité déjà été posées par des scientifiques de l'Université d'Oxford. En 2019, une étude soulignait en effet que ces bioréacteurs produisaient du méthane, un gaz beaucoup plus polluant que le CO2. Quand on prend en compte la production de cette viande sous microscope à long terme, elle deviendrait ainsi particulièrement nocive. Ainsi, en convertissant des émissions de méthane en émissions carbone, on obtiendrait un résultat complètement faussé, avaient alerté les scientifiques.