Laisser les chauves-souris tranquilles Une solution pour prévenir de futures pandémies?

Relax

7.6.2023 - 15:57

(ETX Daily Up) – Après l'épidémie de SRAS en 2003, puis la pandémie de Covid-19 dès 2020, les scientifiques s'intéressent de près aux moyens qui pourraient permettre d'atténuer le risque de pandémies mondiales, et des vagues de décès qui les accompagnent. Une équipe de chercheurs américains a peut-être trouvé une solution aussi simple qu'inattendue, mais vraisemblablement efficace: laisser les chauves-souris tranquilles.

Stopper le commerce et la consommation de chauve-souris, arrêter de les chasser ou de les abattre, mais aussi ne pas détériorer leur habitat, pourraient permettre de prévenir de nouvelles pandémies mondiales.
Stopper le commerce et la consommation de chauve-souris, arrêter de les chasser ou de les abattre, mais aussi ne pas détériorer leur habitat, pourraient permettre de prévenir de nouvelles pandémies mondiales.
Michel VIARD / Getty Images

7.6.2023 - 15:57

Les chauves-souris peuvent-elles sauver le monde? Un raccourci sans doute un peu rapide, mais ces petits mammifères pourraient toutefois permettre de réduire le risque de pandémies mondiales, comme celle qui a débuté en 2020 et causé près de sept millions de décès dans le monde, d'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). A condition toutefois de les laisser tranquilles. C'est ce que préconisent des scientifiques qui se sont penchés sur le sujet. Précisons néanmoins qu'il ne s'agit pas ici d'une étude, mais d'une analyse présentée par une équipe d'experts de l'université Cornell et de la Wildlife Conservation Society aux Etats-Unis, et publiée dans la revue The Lancet Planetary Health.

Ne pas déranger les chauves-souris

Dans cette analyse, les experts suggèrent qu'il est primordial de ne plus déranger les chauves-souris, et de ne plus les perturber en modifiant ou en affectant leur habitat, pour atténuer le risque de pandémies mondiales. Une idée qui peut prêter à sourire, mais qui est en réalité on ne peut plus sérieuse, ne serait-ce parce que les chauves-souris constituent des réservoirs pour un grand nombre de virus qui peuvent être transmis à d'autres espèces dont l'humain: le virus de la rage, Ebola, le virus de Marburg, le coronavirus du Sras, le Sars-CoV-2 ou encore le virus Nipah.

«Dans un monde globalisé comptant huit milliards d'habitants, nous ne pouvons plus ignorer notre interconnexion avec la faune et les écosystèmes qui nous entourent. Nous devons changer la relation de l'humanité avec la nature si nous voulons prévenir la prochaine pandémie d'origine zoonotique, et cela peut commencer par les chauves-souris», explique Susan Lieberman, vice-présidente de la Wildlife Conservation Society, en charge de la politique internationale, dans un communiqué.

Limiter la propagation des zoonoses

Autant de raisons qui poussent aujourd'hui les scientifiques, non pas à pointer du doigt le rôle des chauves-souris dans l'émergence de certaines pandémies, mais celui de l'humanité qui doit prendre «les mesures les plus élémentaires et les plus sensées». Et cela passerait avant tout par la nécessité de laisser les chauves-souris tranquilles. Plus concrètement, l'analyse suggère de cesser l'utilisation, le commerce, et la consommation de chauves-souris, mais il s'agirait également d'arrêter de les chasser, et de ne plus toucher à leur habitat pour ne pas les déranger. L'idée étant de stopper toutes les activités susceptibles de provoquer leur dispersion, et donc d'augmenter le risque de propagation des zoonoses, des maladies ou infections qui se transmettent justement de l'animal à l'humain.

«Si nous pouvons réellement cesser de chasser, de manger et d'échanger des chauves-souris, rester à l'écart de leurs grottes, éloigner le bétail des zones où les chauves-souris sont concentrées, et si nous pouvons cesser de déboiser, de dégrader – ou même commencer à restaurer – leurs habitats naturels, nous pouvons incontestablement réduire les risques d'une nouvelle pandémie», conclut Steven A. Osofsky, professeur à l'université Cornell, dans un communiqué.

Les chauves-souris constituent une priorité car, on l'a vu, elles sont considérées comme des réservoirs pour de nombreux virus, mais les experts précisent toutefois que ce constat concerne bien d'autres espèces sauvages. Chose qui devrait être examinée par les chercheurs dans les semaines et mois à venir.

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