Le grand saut Le Français Thomas Pesquet s'est élancé dans le vide spatial

AFP

16.6.2021 - 14:46

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L'astronaute Français Thomas Pesquet s'est élancé mercredi pour la troisième fois de sa vie dans le vide spatial, aux côtés de l'Américain Shane Kimbrough, pour installer un nouveau panneau solaire sur la Station spatiale internationale, une opération complexe et très physique qui doit durer environ six heures et demie.

L'astronaute Français Thomas Pesquet s'est élancé mercredi pour la troisième fois de sa vie dans le vide spatial, aux côtés de l'Américain Shane Kimbrough, pour installer un nouveau panneau solaire sur la Station spatiale internationale, une opération complexe et très physique qui doit durer environ six heures et demie.



Les deux hommes flottent de nouveau ensemble en apesanteur, après avoir déjà effectué deux sorties dans l'espace côte à côte en 2017, accrochés à la Station spatiale filant à 400 kilomètres au-dessus de la Terre.

Ils ont mis en route la batterie interne de leur combinaison à 12H11 GMT, puis ont ouvert l'écoutille du sas de décompression de l'ISS. Thomas Pesquet est sorti dans le vide en premier, suivi de son co-équipier.

Cette sortie extra-véhiculaire ("EVA"), la première depuis leur arrivée dans l'ISS fin avril, est inédite sur le plan technique. 

Les deux «mécanos» vont devoir déployer un panneau solaire nouvelle génération, appelé iROSA, le premier d'une série de six panneaux destinés à augmenter les capacités de production d'énergie de l'ISS.

«On sort dans le vide, je vais être transporté par un bras robotique en tenant des panneaux solaires de 3m de long, on va les brancher et retourner dans la Station 6h30 plus tard», avait tweeté Thomas Pesquet quelques heures avant sa sortie.

Dimanche, la même équipe recommencera l'opération pour en installer un deuxième. La paire a été livrée par un cargo de SpaceX: les panneaux sont pour le moment roulés sur eux-mêmes, et la mission des astronautes est de les fixer au bon endroit et de les déployer.

Equipement à un million de dollars

Avant l'ouverture du sas, la Nasa a montré des images du duo se préparant, engoncés dans leurs scaphandres, assistés par leurs collègues américains Megan McArthur et Mark Vande Hei.

Il s'agit de la 239e sortie spatiale de l'histoire de l'ISS. 

Contrairement aux deux sorties effectuées par les mêmes co-équipiers en 2017, cette fois les rôles sont inversés: Thomas Pesquet est «EVA 1», Shane Kimbrough «EVA 2». 

«Le n°1, c'est le chef en gros. Maintenant je ne suis plus le petit jeune», avait commenté le Français de 43 ans. «J'ai hâte que Thomas soit dans ce rôle et d'être un bon soutien», avait déclaré son collègue de 54 ans.

Pour l'Américain, c'est la septième sortie dans l'espace de sa carrière.

«Il y a une appréhension, ce sont des années de boulot pour des centaines de personnes, on n'a pas envie de faire une erreur et de casser un équipement qui a coûté un million de dollars», avait confié Thomas Pesquet dans son journal de bord sur la radio France Inter.

Les astronautes se répartiront les tâches durant l'opération, minutieusement chorégraphiée par la Nasa. Objectif: aller déployer les panneaux solaires à bâbord de l'ISS, tout au bout du mastodonte grand comme un terrain de football.

Thomas Pesquet ira récupérer l'objet de 350 kilos, puis, mû par un bras robotique, longera la Station pour aller le passer à son acolyte.

Accrochés au bras par les pieds, ils déplieront le panneau et ses 19 mètres de long. 

«Boîte de conserve»

La journée sera éprouvante. «Une EVA revient à courir un 100 mètres sur la durée d'un marathon», explique à l'AFP Hervé Stevenin, chargé de l'entraînement à ces sorties pour l'Agence spatiale européenne (ESA).

«Travailler en scaphandre est extrêmement difficile. Tous les sens sont limités, on manque de dextérité avec les gants: tenir un outil, c'est comme presser une balle de tennis, des centaines de fois pendant six heures», décrit l'instructeur.

Malgré un champ de vision limité, les astronautes doivent avoir en permanence une «conscience de leur environnement qui va au-delà de la vie de tous les jours».

Sans compter l'inconfort: avec le temps de préparation, ils restent engoncés une dizaine d'heures dans leur scaphandre, comme dans une «boîte de conserve», avec seulement une petite poche d'eau pour boire.

Aucun danger qu'ils tombent dans le vide, puisqu'une «triple sécurité», incluant un câble les reliant en permanence à la Station, empêche le scénario cauchemardesque du film «Gravity» de se produire en vrai, rassure l'expert.

Des incidents gênants, voire dangereux, peuvent en revanche survenir, comme la perte d'étanchéité du scaphandre en cas d'impact de micro-météorite. 

Mais «on n'a pas l'impression de risquer sa vie en permanence», a témoigné Thomas Pesquet, pour qui les «EVA» représentent un «rêve dans le rêve». 

«On a l'impression d'être fixes, de faire de l'escalade avec une grosse boule qui tourne sous nos pieds. Lors de ma première sortie, Shane m'avait dit +regarde autour de toi+ parce qu'on n'avait pas levé le nez du guidon. Là je vais essayer de le faire».