Mystère scientifiqueUne étude relance le débat: le cerveau a-t-il un sexe?
Relax
28.2.2024 - 15:36
(ETX Daily Up) – La question «le cerveau a-t-il un sexe» anime la communauté scientifique depuis des décennies. Une étude, récemment parue dans la revue PNAS, vient nourrir cette réflexion. Ses auteurs affirment que l’organisation de la matière grise diffère en fonction du sexe biologique de son propriétaire.
28.02.2024, 15:36
Relax
Des chercheurs des départements de sciences comportementales, de neurosciences et de l’intelligence artificielle centrée sur l’homme de l’université Stanford sont arrivés à cette conclusion en tirant parti des récentes avancées en matière d'intelligence artificielle (IA). Ils ont développé un modèle de réseau neuronal profond à qui ils ont appris à classer des données d'IRM fonctionnelle, afin de déterminer s’il était capable de distinguer le cerveau d’homme de celui d’une femme.
Après avoir entraîné cette IA sur environ un millier de cas, l’équipe de recherche l’a confronté aux IRM fonctionnelles de quelque 1500 personnes des deux sexes, âgées de 20 ans à 35 ans. Elle a constaté que, dans 90% des cas, cette intelligence artificielle était capable de distinguer s’il s’agissait d’un cerveau masculin ou féminin.
Les universitaires ont constaté que l’intelligence artificielle analysait l’organisation même du cerveau, et tout particulièrement celle du striatum, du système limbique et du réseau cérébral du «mode par défaut», pour différencier les différents scanners cérébraux. «Il s'agit d'une preuve très solide que le sexe est un déterminant important de l'organisation du cerveau humain», a déclaré Vinod Menon, l’un des cosignataires de l’étude, dans un communiqué.
La menace du stéréotype
Pour approfondir leurs travaux, Vinod Menon et ses confrères se sont appliqués à tester leur modèle de réseau neuronal profond sur deux autres cohortes, sans entraînement supplémentaire. Ils voulaient notamment voir si cette intelligence artificielle serait capable de prédire les résultats d’individus des deux sexes à certaines tâches cognitives. Il s’avère que c’est le cas, ce qui pousse les scientifiques à confirmer leur hypothèse selon laquelle les caractéristiques fonctionnelles des cerveaux masculins et féminins ont «des implications comportementales significatives».
Mais il convient d’interpréter prudemment les conclusions de cette étude, bien que sa méthodologie soit rigoureuse. Ses auteurs notent, eux-mêmes, qu’ils ne sont pas en mesure d’affirmer avec certitude si les différences cérébrales qu’ils ont observé «apparaissent tôt dans la vie ou si elles peuvent être dues à des variations hormonales ou à des circonstances sociales différentes auxquelles les hommes et les femmes sont plus susceptibles d'être confrontés».
À ce jour, la communauté scientifique s’accorde à dire que les aptitudes intellectuelles des hommes et des femmes ne sont pas programmées génétiquement dans leurs cerveaux. Les différences cérébrales observées entre les sexes ne permettent pas d’établir des généralités, ce qui vient tordre le cou aux idées reçues sexistes. Ainsi, rien n’indique que les filles seraient «naturellement» moins douées que les garçons dans les matières scientifiques. L’avancée des connaissances en neurobiologie a permis d’établir que chaque cerveau est différent. Les variations observées entre les individus ne sont pas qu’une question de sexe, mais plutôt de plasticité cérébrale.