Bon pour la tête!Le sport à l'école stimule aussi les neurones
uc, ats
30.3.2021 - 12:12
Les cours d'éducation physique à l'école sont loin d'être inutiles. Des chercheurs genevois et américains ont mis en évidence un lien entre la capacité cardiorespiratoire des élèves et leurs résultats dans les branches principales, mathématiques et français notamment.
Keystone-SDA, uc, ats
30.03.2021, 12:12
30.03.2021, 12:23
ATS
Charles Hillman, professeur à l’Université Northeastern de Boston et co-auteur de cette nouvelle étude, a suggéré dans des recherches précédentes l’existence d’un lien entre les capacités cardiorespiratoires des enfants et leurs résultats scolaires d’une part, et d’autre part entre les capacités cardiorespiratoires et les fonctions exécutives.
«Il y a trois fonctions exécutives principales», précise Marc Yangüez, chercheur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) de l’Université de Genève (UNIGE) et premier auteur de l’étude.
«La première est l’inhibition, soit notre capacité à inhiber des comportements ou pensées intrusives. La deuxième est la flexibilité cognitive, qui est notre aptitude à passer d’une tâche à l’autre avec le minimum de coût cognitif possible. La troisième est la mémoire de travail, c’est-à-dire notre faculté à maintenir ou manipuler de l’information en mémoire vive», ajoute le scientifique, cité mardi dans un communiqué de l'UNIGE.
Elèves genevois testés
L’équipe s’est associée à huit établissements scolaires du canton de Genève, afin de faire passer des tests cognitifs et un test physique à 193 élèves âgés de 8 à 12 ans. Tout d’abord, les enfants ont effectué un «test-navette», soit des allers-retours entre deux lignes distantes de 20 mètres en respectant un rythme de plus en plus rapide.
«Combiné à la taille, au poids, à l’âge et au sexe, ce test nous permet d’évaluer les capacités cardiorespiratoires de l’enfant», relève Marc Yangüez.
«Suite à cela, nous avons mis au point neuf tâches qui permettent d’évaluer les aptitudes des enfants dans les trois fonctions exécutives principales – l’inhibition, la flexibilité cognitive et la mémoire de travail – et nous avons mesuré différents indicateurs tels que la précision et la vitesse de leurs réponses», explique Julien Chanal, chercheur à la FPSE.
Par ailleurs, à la fin de l’année, les enseignants, avec l'accord des parents, ont transmis les notes des élèves sur les trois trimestres de l’année en mathématiques, français 1 (compréhension et expression de texte) et français 2 (grammaire, orthographe et vocabulaire).
Un lien indirect
En combinant les données obtenues, les psychologues ont constaté qu'il y avait un lien entre de bonnes capacités cardiorespiratoires et de bonnes notes en mathématiques et français 2.
«Le français 1 est sans doute moins directement concerné, car l’évaluation du texte et de la rédaction dépendent de facteurs plus subjectifs, ce qui est moins le cas des mathématiques ou de la grammaire, pour lesquelles les réponses justes ou fausses sont peu empreintes de subjectivité», précise Marc Yangüez.
«En décomposant ces effets via un modèle statistique de médiation, nous avons établi que le lien entre la capacité cardiorespiratoire et les résultats scolaires était indirect. En fait, la capacité cardiorespiratoire est en lien avec de meilleures capacités exécutives, et ce sont bel et bien les capacités exécutives qui influent sur les résultats scolaires, plus particulièrement la flexibilité cognitive», souligne Julien Chanal.
Des résultats importants
Les résultats de cette étude publiée dans la revue Medicine & Science in Sport & Exercise sont importants pour l’organisation du planning scolaire. «On souligne l’importance de ne pas diminuer l’activité physique (et notamment les heures d’éducation physique) au profit d’autres matières, car cela pourrait finalement avoir un impact négatif sur le développement de l’enfant pris dans sa globalité», conclut Marc Yangüez.
Cette étude met aussi à mal le fait de contraindre un enfant à étudier toujours plus à son bureau pour réussir à l’école, le privant d’exercice physique. Enfin, et ce d’autant plus en temps de pandémie, les psychologues genevois relèvent l’importance de ne pas priver les enfants de mouvement.
Les chercheurs souhaitent maintenant mener une étude dans des écoles de différentes régions de Suisse, afin de prouver à grande échelle que lorsque l’activité physique hebdomadaire des enfants augmente, cela a un impact positif sur leur développement.