Selon l'EPFL Les îlots de chaleur sont un problème pour la santé

sj, ats

23.1.2024 - 11:10

Le coût sur la santé des îlots de chaleur en milieu urbain en Europe est comparable à celui de la pollution de l'air, selon une étude de l'EPFL publiée mardi. Il s'élève à 180 francs par adulte et par année, en ce qui concerne l'effet estival des îlots de chaleur.

Une recherche de l'EPFL donne la première évaluation du coût des îlots de chaleur sur la santé humaine en analysant la situation de 85 villes européennes (image d'illustration).
Une recherche de l'EPFL donne la première évaluation du coût des îlots de chaleur sur la santé humaine en analysant la situation de 85 villes européennes (image d'illustration).
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Keystone-SDA, sj, ats

«Notre étude montre que les îlots de chaleur ne sont pas un problème de confort, mais qu'ils ont un coût sur la santé significatif, avec, par exemple, des risques respiratoires et cardio-vasculaires plus élevés qui diminuent l'espérance de vie», explique Gabriele Manoli, professeur assistant à l'EPFL et directeur du Laboratoire des Systèmes urbains et environnementaux (URBES), au sein de la Faculté de l'environnement naturel, architectural et construit (ENAC).

85 villes sous la loupe

La recherche de l'EPFL, parue dans la revue Nature Communications, a analysé la situation de 85 villes européennes. Menée sur trois ans, elle tient aussi compte de l'effet protecteur des îlots de chaleur durant l'hiver, un aspect encore peu exploré jusqu'ici, souligne aussi la haute école dans son communiqué.

L'étude se présente comme une «première évaluation économique concrète d'un enjeu, qui, bien que récurrent en milieu urbain, demeure d'une grande complexité à saisir». Pour parvenir à ces chiffres, l'équipe de recherche a mis en commun des données issues d'une grande variété de domaines, à l'exemple de la climatologie urbaine, l'épidémiologie, l'économie, la statistique et la modélisation mathématique, précise l'EPFL.

Les risques encourus durant l’été ne sont évidemment pas les mêmes, entre Helsinki, Genève et Madrid. Et les personnes vivant en Espagne sont plus habituées aux vagues de chaleur que celles vivant en Finlande. «C'est pourquoi les scientifiques ont étudié pour la première fois l'impact des îlots de chaleur en milieu urbain sur trois cycles annuels complets, en intégrant un grand nombre de données et des simulations numériques», notent ses responsables.

Objectif fixé: évaluer simultanément l'effet néfaste des îlots de chaleur durant l'été et leur effet protecteur durant l'hiver face aux vagues de froid.

Exemple genevois

Pour chaque ville, les scientifiques ont estimé les risques liés à la température et les ont traduits en coûts de santé, en tenant compte des effets estivaux et hivernaux ainsi que de l'effet annuel net. Cette étude évalue les «économies» moyennes, par résident adulte et par an, à -314 euros (environ 300 francs) pour les effets liés au froid.

A Genève, par exemple, l'étude estime que les îlots de chaleur urbains peuvent entraîner quatre décès supplémentaires liés à la chaleur pour 100'000 habitants par an. A l'inverse, ils peuvent éviter 3,4 décès liés au froid.

Pour Gabriele Manoli, cette approche vise à aider les pouvoirs publics à jongler entre les différents facteurs liés aux îlots de chaleur dans la planification urbaine. «L'objectif est de rendre ces zones moins dangereuses pendant les mois d'été sans compromettre la protection qu'elles peuvent offrir en hiver», relève-t-il.

«Notre étude montre que l'impact des îlots de chaleur varie considérablement d'une ville et d'une saison à l'autre. A l'avenir, les décideurs politiques pourront s'appuyer sur ces informations concrètes pour prendre leurs décisions», conclut le professeur.

La publication contient des tableaux énumérant les 85 villes incluses dans l'étude, ainsi que la mortalité due aux îlots de chaleur, le nombre d'années de vie perdues et les impacts économiques estimés.

Coût net négatif à Helsinki

Pour Genève, le coût net de la mortalité due aux îlots de chaleur était de 20,7 euros (un peu moins de 20 francs) par résident adulte et par an (155 euros dus au risque de chaleur et -134 euros dus au froid). A Trieste, en Italie, il était de 184,4 euros (547 euros et -363 euros dus au risque de chaleur et au froid, respectivement).

Certaines villes européennes ont même enregistré un coût net négatif en raison de la protection offerte par les îlots de chaleur pendant les saisons froides prolongées. A Helsinki, par exemple, l'économie nette a été de 113,9 euros.

Les scientifiques soulignent toutefois que ces chiffres «ne doivent pas inciter les urbanistes à la complaisance face aux dangers posés par les chaleurs extrêmes, car non seulement leurs effets sont extrêmement néfastes en été, mais ils s'aggraveront probablement à l'avenir».