Musée national suisseLes péripéties d'un papier peint, de Paris aux pâturages jurassiens
gsi, ats
17.2.2022 - 15:41
Le Musée national suisse de Prangins (VD) expose pour la première fois un des objets majeurs de sa collection, un salon en papier peint de la fin du 18e siècle. Il raconte aussi l'histoire étonnante de cette oeuvre, retrouvée en 1950 dans une ferme de La Cibourg (BE).
Keystone-SDA, gsi, ats
17.02.2022, 15:41
17.02.2022, 15:52
ATS
Entré dans les collections en 2011 à la suite d'un don, ce papier peint de 15 mètres linéaires représente les «Métamorphoses», le poème antique d'Ovide. «Par ses dimensions, sa riche iconographie, son état de conservation et sa rareté, ce décor constitue un des joyaux du Musée national, d'importance internationale», indique l'institution dans son communiqué.
Le papier peint au coeur de l'exposition «Ovide dans le Jura», à voir jusqu'au 30 octobre, a été fabriqué dans les années 1790 dans les ateliers Arthur & Robert, l'une des grandes manufactures parisiennes de l'époque.
Reste à savoir comment des tentures aussi luxueuses sont venues orner le salon d'une ferme des pâturages jurassiennes. C'est un marchand de vin de renom, Charles-François Robert, qui l'a offert à sa femme à l'occasion de leur mariage. Ils installent alors leur précieux papier peint au premier étage de leur ferme La Bise noire à La Cibourg, non loin de La Chaux-de-Fonds.
BD géante
L'histoire est d'autant plus romanesque que Charles-François Robert est un personnage haut en couleur, qui a notamment versé dans la contrebande. A la mort de son propriétaire, le papier peint va tomber progressivement dans l'oubli, avant d'être retrouvé dans un galetas.
Ces différentes péripéties sont racontées en début d'exposition par le biais d'une bande dessinée géante, née de la collaboration d'historiens avec l'illustratrice Fanny Vaucher. Celle-ci a basé sa narration sur un dossier scientifique comprenant des informations sur le papier peint et son propriétaire, mais aussi sur l'époque (vêtements, modes de transport, mobilier etc).
Neuf mois de restauration
Dans la seconde salle, les visiteurs peuvent se familiariser avec l'univers et les caractéristiques du papier peint: matérialité, technique de fabrication, composition, montage et iconographie. Il est également expliqué la manière dont les «Métamorphoses» d'Ovide ont marqué les arts décoratifs.
La troisième salle s'intéresse aux travaux de conservation-restauration du papier peint, menés par le Centre des collections du Musée national. Ceux-ci ont duré neuf mois et occupé une dizaine de spécialistes.
Finalement, dans la dernière salle, le salon de papier peint de La Cibourg est exposé «tel un joyau», souligne le Musée national. Le plafond et le plancher ont été restitués sur la base de photographies des années 1950, lorsque le décor était encore en place dans la ferme.
Le programme de médiation culturelle comprend notamment des lectures du poème d'Ovide, des ateliers de création de bande dessinée, ainsi que des visites guidées en compagnie des restauratrices du papier peint ou de Fanny Vaucher.