Des chirurgiens opèrent un patient avec la plateforme robotisé da Vinci Xi, à l'hôpital Robert-Debré à Paris le 5 avril 2019
Des chirurgiens commandent les instruments chirurgicaux a l'aide de joysticks et de pédales lors d'une intervention robotisée sur un patient, le 5 avril 2019 à l'hôpital Robert-Debré à Paris
Les chirurgiens utilisent des télécommandes pour une intervention avec le robot da Vinci Xi, menée le 5 avril 2019 sur un patient à l'hôpital Robert-Debré
Les robots chirurgicaux se multiplient, malgré les débats sur leur efficacité
Des chirurgiens opèrent un patient avec la plateforme robotisé da Vinci Xi, à l'hôpital Robert-Debré à Paris le 5 avril 2019
Des chirurgiens commandent les instruments chirurgicaux a l'aide de joysticks et de pédales lors d'une intervention robotisée sur un patient, le 5 avril 2019 à l'hôpital Robert-Debré à Paris
Les chirurgiens utilisent des télécommandes pour une intervention avec le robot da Vinci Xi, menée le 5 avril 2019 sur un patient à l'hôpital Robert-Debré
Les robots chirurgicaux ont le vent en poupe, malgré des débats non tranchés sur leur valeur ajoutée par rapport à leurs coûts encore élevés dus à une concurrence limitée, mais la situation pourrait prochainement changer.
L'excitation est palpable ce jour-là dans un bloc opératoire de l'hôpital pédiatrique parisien Robert-Debré, de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP): c'est le baptême du feu pour sa nouvelle plateforme robotisée da Vinci Xi, aux faux airs de pieuvre à quatre tentacules.
Au bout de ces bras articulés, pinces, ciseaux et mini-caméra évoluent à l'intérieur du bas-ventre du patient, un adolescent de 14 ans opéré d'un rein défaillant à cause d'une malformation rare de ses voies urinaires.
Deux chirurgiens assis au fond de la salle semblent jouer à un jeu vidéo en réalité virtuelle. Immergés dans des écrans 3D, ils suivent l'action des instruments qu'ils commandent avec une sorte de joystick et des pédales.
«On fait de la chirurgie mini-invasive depuis 20 ans, mais il nous manquait cette technologie (...) qui va nous aider à avoir accès à un organe situé en profondeur, loin de nos yeux», explique à l'AFP le professeur Alaa El Ghoneimi, chef du service de chirurgie viscérale et urologie pédiatriques de l'hôpital Robert-Debré.
Finie la pénibilité physique qu'une opération longue implique pour un chirurgien. Et le geste chirurgical est facilité grâce aux mouvements «beaucoup plus amples» que permet le robot, avec ses bras amovibles à 360 degrés, complète le docteur Annabel Paye-Jaouen, chirurgienne de l'équipe du professeur El Ghoneimi.
- «Pas de risque zéro» -
Ce mode de chirurgie «robot-assistée» ne relève plus de la science-fiction depuis longtemps. En 20 ans, le groupe américain Intuitive Surgical, pionnier et leader mondial du secteur, a déjà installé plus de 4.800 robots de sa gamme da Vinci dans le monde, dont 144 en France.
Ses robots ont déjà été impliqués dans plus de 6 millions d'actes chirurgicaux dans le monde, dont un million rien que l'an dernier, un signe de la forte accélération de la demande.
Le marché mondial des robots chirurgicaux devrait passer de 3,9 milliards de dollars en 2018 à 6,5 milliards en 2023, selon une récente étude du cabinet MarketsandMarkets.
Mais si les robots sont de plus en plus appréciés des chirurgiens, les gains d'efficacité qu'ils sont censés générer ne font pas l'unanimité.
«La chirurgie assistée par robot ne montre pas une efficacité marquée par rapport à la chirurgie traditionnelle», déclare à l'AFP Dominique Letourneau, président de la Fondation de l'Avenir pour la recherche médicale appliquée. «On n'a pas d'études cliniques qui montrent une vraie valeur ajoutée», ajoute-t-il.
Avec ou sans robot, «il n'y a pas de risque zéro en chirurgie», mais «on a clairement une fiabilisation de l'acte chirurgical avec cette assistance», juge au contraire Bertin Nahum, fondateur et patron de Quantum Surgical, jeune société de robotique chirurgicale de Montpellier.
- «La concurrence s'organise» -
Le coût de ces technologies demeure le principal frein à leur plus large diffusion. D'autant qu'aujourd'hui un acte robot-assisté est remboursé au même titre qu'un acte chirurgical conventionnel, relève M. Nahum.
L'AP-HP va ainsi débourser 52 millions d'euros pour les neuf robots da Vinci acquis en fin d'année dernière, en incluant l'achat des équipements, leur entretien, les produits consommables et la formation des équipes.
Bien qu'étalée sur 7 ans, une telle dépense est un défi pour l'AP-HP, qui réduit drastiquement ses effectifs non médicaux en raison de comptes dans le rouge.
Dans la chirurgie robotisée des tissus mous, le monopole écrasant d'Intuitive Surgical a retardé la baisse des prix du marché. Le groupe «avait beaucoup d'avance, une armée de brevets qui protégeait sa technologie», selon M. Nahum.
«La concurrence s'organise» assure-t-il, évoquant l'acquisition annoncée en février de la société de robotique chirurgicale Auris Health par le mastodonte américain de la santé Johnson and Johnson pour au moins 3,4 milliards de dollars.
Dans la chirurgie osseuse également, les géants mondiaux des dispositifs médicaux «ont tous acheté des sociétés de robotique chirurgicale. Donc immanquablement il y aura une accélération très forte de ces spécialités dans la robotique», prédit encore M. Nahum. Lequel parle en connaissance de cause: Medtech, sa précédente société, a été rachetée en 2016 par l'un de ces grands acteurs, l'américain Zimmer Biomet.
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