Pas gagné Les traitements anti-Covid-19 n'avancent qu'à petits pas

ATS

5.12.2021 - 08:46

La longue marche vers la fin de la pandémie de Covid-19 se fait sur deux jambes, mais l'une va plus vite que l'autre: un an après le début de la vaccination, il n'existe que peu de traitements et les espoirs liés aux nouvelles pilules restent incertains.

Keystone-SDA

Un simple cachet que l'on avale après un test positif pour éviter de développer le Covid-19 et de finir à l'hôpital: la perspective fait saliver. Mais leur vente en pharmacie n'est vraisemblablement pas pour demain. (image d'illustration)
Un simple cachet que l'on avale après un test positif pour éviter de développer le Covid-19 et de finir à l'hôpital: la perspective fait saliver. Mais leur vente en pharmacie n'est vraisemblablement pas pour demain. (image d'illustration)
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Pilules à avaler

Un simple cachet que l'on avale après un test positif pour éviter de développer le Covid-19 et de finir à l'hôpital: la perspective fait saliver. Il faut toutefois que ces traitements soient aussi efficaces qu'espérés.

Les plus avancés sont le molnupiravir du laboratoire Merck/MSD (commercialisé sous le nom de Lagevrio) et le Paxlovid de Pfizer. Ce sont des antiviraux, qui diminuent la capacité du virus à se répliquer et freinent ainsi la maladie.

Le Lagevrio a été approuvé dans l'Union européenne pour une utilisation en urgence, avant son autorisation formelle de mise sur le marché. Il est également en cours d'autorisation aux Etats-Unis.

Pour autant, les résultats complets de l'essai clinique communiqués le 26 novembre par Merck/MSD montrent une efficacité bien moindre que celle annoncée à grand bruit au début octobre sur la base de données intermédiaires.



Selon ces résultats complets, le médicament réduit de 30% (et non de moitié comme initialement annoncé) le taux d'hospitalisation et de décès chez les patients à risque l'ayant pris peu après l'infection.

D'autres questions portent sur la sécurité du médicament. En théorie, son mode d'action pourrait favoriser l'apparition de variants du virus ou entraîner des effets cancérigènes. Ces risques ont toutefois été jugés faibles par les experts américains.

Les autorités sanitaires européennes et américaines examinent également les données du Paxlovid (basé en partie sur le ritonavir, un médicament anti-VIH).

Point positif: le mécanisme d'action de ces deux médicaments les rend peu sensibles aux variants et les spécialistes s'attendent à ce qu'ils restent efficaces même si Omicron finissait par s'imposer.

Anticorps de synthèse

Ces médicaments de haute technique ne sont pas destinés à connaître une utilisation large, à cause de leur prix élevé. Recommandé par l'OMS pour les patients âgés ou au système immunitaire déficient, le Ronapreve (développé par Regeneron avec le laboratoire Roche) est estimé à 2000 dollars la dose par les ONG.

Ce médicament combine deux anticorps de synthèse, dits «monoclonaux», le casirivimab et l'imdevimab, et on l'administre par une unique injection intraveineuse. Autre problème: en raison de la manière dont ces médicaments sont conçus, l'apparition de telle ou telle mutation dans les nouveaux variants peut nuire à leur efficacité.

Regeneron a ainsi reconnu le 30 novembre que l'efficacité de ses anticorps de synthèse pourrait être réduite face au variant Omicron.

L'OMS recommande d'autres anticorps monoclonaux pour les malades les plus graves, le tocilizumab (vendu sous le nom d'Actemra ou RoActemra par le laboratoire Roche) et le sarilumab (vendu sous le nom de Kevzara par Sanofi). Selon l'OMS, ces deux médicaments immunosuppresseurs doivent être administrés en même temps que des corticoïdes.

Enfin, le Royaume-Uni a autorisé jeudi un autre traitement par anticorps monoclonal, le sotrovimab (Vir Biotechnology/GSK), à durée d'action longue.

Corticoïdes

C'est le premier traitement à avoir été officiellement recommandé par l'OMS, en septembre 2020, uniquement pour les malades les plus gravement atteints. Sur la base de toutes les données disponibles, l'OMS recommande «l'administration systématique de corticoïdes» aux patients atteints par «une forme sévère ou critique» du Covid-19.

Chez ces patients, ce traitement réduit la mortalité et aussi sans doute le risque d'être placé sous respirateur artificiel, selon l'OMS. Il permet en effet de combattre l'inflammation caractéristique des formes graves.

Pays pauvres

Vaccins et traitements ont au moins un point commun: les pays pauvres y ont difficilement accès. Selon une estimation de l'ONG Médecins sans frontières (MSF), un traitement de quelques jours au Lagevrio ou au Paxlovid dans les pays développés coûtera autour de 700 dollars (environ 640 francs).

Pfizer comme Merck ont donc signé des accords de licence volontaire censés faciliter la diffusion du Lagevrio et du Paxlovid au-delà des pays riches une fois qu'ils seront formellement autorisés. Mais cela ne veut pas dire que ces pays y auront un accès immédiat ni généralisé.