«Ancienne injustice»Milo Rau exige que St-Gall renvoie une momie en Egypte
me, ats
17.11.2022 - 12:14
Le metteur en scène et auteur Milo Rau exige qu'une momie exposée depuis plus de 200 ans dans la bibliothèque de l'abbatiale de St-Gall soit rapatriée en Egypte. Il veut utiliser le montant d'un prix qui lui est remis jeudi pour financer l'opération.
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17.11.2022, 12:14
17.11.2022, 13:03
ATS
La momie de Schep-en-Ese, fille d'un prêtre égyptien, a vécu il y a 2600 ans. Son corps embaumé est exposé dans la bibliothèque de l'abbatiale dans un cercueil de verre à côté de son double cerceuil orné de hiéroglyphes. Elle se trouve en Suisse depuis 1820, date à laquelle le landamann Karl Müller von Friedberg (1755-1836) l'a reçue en cadeau.
«Cette exposition est indigne d'une métropole culturelle comme St-Gall», déclare Milos Rau, cité dans un communiqué. Il a donc décidé d'investir les 30'000 francs du Grand prix de la culture de St-Gall qui lui est remis jeudi pour financer l'opération de rapatriement de la momie en Egypte.
«Réparation d'une ancienne injustice»
Le metteur en scène, né à Berne et qui a grandi à St-Gall, est soutenu dans son action par la cinéaste égyptienne Rabelle Erian, le théologien st-gallois Rolf Bossart et la professeure égyptienne Monica Hanna. Ils demandent «la réparation d'une ancienne injustice».
La provenance de la momie a été plus ou moins clarifiée. Mais, selon Milo Rau, elle provient au départ d'un pillage de tombe et son exposition à St-Gall est une attraction discutable sur le plan éthique et juridique.
Grand prix de la culture
Milo Rau reçoit jeudi le Grand prix de la culture de la Fondation culturelle de St-Gall. Celle-ci le récompense «parce qu'il intervient sans cesse depuis des années et met ses doigts sur des plaies qui ne peuvent guérir que lorsque la raison de la blessure est claire et que les personnes directement ou indirectement concernées peuvent s'exprimer».
Le prix lui est remis le jour de l'ouverture d'une exposition de Milo Rau intitulée «Pourquoi l'art» à la Kunst Halle de St-Gall. Cette exposition, qui revient sur l'art et l'activisme du metteur en scène âgé de 45 ans, pose la question de savoir si l'art peut changer le monde.