Santé Nous transmettons plus de virus aux animaux qu’on le pense

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26.3.2024 - 11:27

(ETX Daily Up) – Chikungunya, échinococcose, grippe aviaire… Les animaux peuvent nous transmettre de nombreuses maladies. Mais l’inverse est tout aussi vrai. Une étude anglaise montre que nous pouvons, nous aussi, rendre nos amies les bêtes malades.

Jusqu’à présent, on pensait que la transmission zoonotique se faisait au détriment de l’Homme.
Jusqu’à présent, on pensait que la transmission zoonotique se faisait au détriment de l’Homme.
Sadeugra / Getty Images

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Des chercheurs de l’University College de Londres ont fait cette découverte après avoir analysé près de douze millions de séquences virales déposées dans des bases de données publiques. Ils ont ainsi pu reconstituer les trajectoires où les virus ont sauté d'un hôte à un autre pour infecter une autre espèce de vertébrés, dans le cadre d’une trentaine de familles virales.

Car la santé humaine est étroitement liée à celle de la faune et des écosystèmes. Les virus, bactéries et parasites empruntent de nombreux tours et détours avant d’infecter notre espèce, et donc de devenir ce que l’on appelle communément des zoonoses. Lorsque ces pathogènes franchissent la barrière entre les animaux et les humains, ils peuvent déclencher des épidémies et même des pandémies, comme cela a été le cas avec le Covid-19 ( SARS-CoV-2).

Jusqu’à présent, on pensait que la transmission zoonotique se faisait au détriment de l’Homme, qui serait davantage un puits pour les pathogènes plutôt qu’un réservoir. Mais les signataires de cette recherche ont constaté que les humains propagent fréquemment des virus vers les animaux sauvages, d’élevage et domestiques. Dans le détail, ils ont identifié deux fois plus d'infections de l'humain vers l'animal que l'inverse.

Prévenir d'éventuelles pandémies?

Cela met en évidence l’impact considérable que nous, êtres humains, avons sur les animaux qui nous entourent. «Lorsque des animaux attrapent des virus transmis par l'homme, cela peut non seulement nuire à l'animal et constituer une menace potentielle pour la conservation de l'espèce, mais aussi causer de nouveaux problèmes pour l'homme en ayant un impact sur la sécurité alimentaire si un grand nombre de têtes de bétail doivent être abattues pour prévenir une épidémie, comme cela s'est produit ces dernières années avec la souche H5N1 de la grippe aviaire», explique Cedric Tan, biologiste moléculaire à l'University College de Londres et premier auteur de l’étude, dans un communiqué.

Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’à chaque changement d'hôte, d'une espèce à une autre, les génomes viraux se modifient pour mieux s'adapter à leur nouvel hôte. «Si un virus porté par l'homme infecte une nouvelle espèce animale, il peut continuer à se développer même s'il est éradiqué chez l'homme, ou même développer de nouvelles adaptations avant d'infecter à nouveau l'homme», souligne Cedric Tan.

Cedric Tan et ses confrères espèrent que leur étude, parue dans la revue Nature Ecology & Evolution, encouragera davantage de recherches sur l’impact des virus transmis par l'Homme sur la faune pour diminuer le risque zoonotique. «En surveillant et en contrôlant la transmission des virus entre les animaux et les humains, dans les deux sens, nous pouvons mieux comprendre l'évolution virale et, nous l'espérons, être mieux préparés à de futures flambées et épidémies de nouvelles maladies, tout en contribuant aux efforts de conservation», affirme le professeur François Balloux, directeur du Genetics Institute de l' University College de Londres, dans le même communiqué.

Avec l’espoir que cela nous permettra d’anticiper les infections émergentes, avant que l’une d’elles ne dégénère en pandémie.