Chasseur d'exoplanètes, Michel Mayor, lauréat mardi du Prix Nobel de physique, a averti mercredi qu'il ne fallait pas compter un jour sur une migration de l'humanité vers une autre planète.
Le chercheur suisse s'exprimait en marge d'une conférence près de Madrid.
Q: Quelles recherches ont été récompensées par ce Nobel ?
R: «Voici 24 ans, avec un de mes collègues (Didier Queloz, distingué avec lui), on a découvert la première planète qui tournait autour d'une autre étoile (que le Soleil). C'était une très vieille question qui était débattue par les philosophes: est-ce qu'il existe d'autres mondes dans l'Univers ? Depuis lors, on en a découvert près de 4.000 (exoplanètes) ou plus. On cherche des planètes qui sont le plus proche (de nous), qui pourraient ressembler à la Terre. Nous avons avec mon collègue démarré cette quête des planètes, on a montré que c'était possible de les étudier.»
Ce montagne montre les trois cosmologues ayant reçu le prix Nobel de physique 2019 (de gauche à droite): le Canado-Américain James E. Peebles (photo du 22 septembre 2005 à Stockholm) et les Suisses Michel Mayor (photo du 16 juin 2008 à Nantes, en France) et Didier Queloz (photo du 8 octobre 2019 à Londres).
L'astrophysicien suisse Michel Mayor, prix Nobel Prize de physique 2019 et codécouvreur de la première exoplanète, durant une interview à l'AFP à Torrejon de Ardoz, en Espagne, le 9 octobre 2019.
«On ne migrera pas» vers d'autres planètes, prévient le prix Nobel Michel Mayor
Ce montagne montre les trois cosmologues ayant reçu le prix Nobel de physique 2019 (de gauche à droite): le Canado-Américain James E. Peebles (photo du 22 septembre 2005 à Stockholm) et les Suisses Michel Mayor (photo du 16 juin 2008 à Nantes, en France) et Didier Queloz (photo du 8 octobre 2019 à Londres).
L'astrophysicien suisse Michel Mayor, prix Nobel Prize de physique 2019 et codécouvreur de la première exoplanète, durant une interview à l'AFP à Torrejon de Ardoz, en Espagne, le 9 octobre 2019.
Q: Y a-t-il de la vie ailleurs dans l'univers ?
R:«Dans la voie lactée, on est sûr qu'il y a énormément de planètes rocheuses avec une masse similaire à la Terre à une distance telle (de leur étoile) que la température est adéquate pour que la chimie de la vie se développe, on ne sait rien de plus. Personne n'est capable de donner une probabilité à la vie ailleurs. Certains scientifiques disent que si toutes les conditions sont réunies, alors la vie va émerger d'elle-même, une sorte d'émergence naturelle des lois de l'univers. D'autres disent: +non, non, c'est pas vrai, c'est beaucoup trop compliqué+. On ne sait rien ! La seule manière de faire, c'est développer les techniques qui nous permettent de détecter la vie à distance. C'est à la prochaine génération de répondre à cette question !»
Q: L'humanité pourra-t-elle migrer vers une autre planète ?
R: «Si on parle des planètes extra-solaires, que les choses soient claires: on ne migrera pas là-bas. Ces planètes sont beaucoup, beaucoup trop loin. Même dans un cas très optimiste d'une planète habitable pas trop loin, disons à quelques dizaines d'années lumière, ce qui est tout petit, le voisinage, le temps pour aller là-bas est considérable. Ca se chiffre en centaines de millions de jours avec les moyens actuels. Prenons soin de notre planète ici, elle est très belle et encore tout à fait habitable. (...) Il faut tuer toutes les déclarations du type +Nous irons un jour sur une planète habitable si la vie n'est plus possible sur Terre+. C'est complètement fou.»
Propos recueillis par Thomas PERROTEAU
Comment trouver une exoplanète
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