Changement climatique Plus de 600 petits arbres seront testés à Val de Bagnes 

vs, ats

7.10.2021 - 15:26

Comment la forêt peut-elle s'adapter au changement climatique et quelles essences faut-il favoriser: cette question est au coeur d'une recherche menée en Suisse. En Valais, une parcelle expérimentale qui accueillera plus de 600 jeunes arbres a été présentée jeudi.

Keystone-SDA, vs, ats

La parcelle expérimentale à Val de Bagnes.
La parcelle expérimentale à Val de Bagnes.
ATS

Les températures en hausse et les sécheresses à répétition affectent la forêt suisse et menacent notamment sa fonction de protection. Certaines essences, comme le pin ou l'épicéa, sont particulièrement exposées et le phénomène devrait s'accentuer.

Conscients de la situation, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont lancé le projet au long cours baptisé «Plantations expérimentales d'essences d'avenir». Vingt services cantonaux des forêts s'y sont associés, dont celui du Valais.

Il faut dire que le canton alpin est particulièrement soumis aux dangers naturels pouvant découler du changement climatique et compte nombre de forêts indispensables à la protection des personnes et des biens. Après Riddes et Riederalp, c'était au tour de la commune de Val de Bagnes jeudi d'effectuer des plantations de jeunes arbres. Au total, 648 plants prendront racine sur une parcelle située à 1800 mètres d'altitude.

Mise sous cloche

La parcelle, déboisée pour les besoins du projet, était composée à 95% d'épicéas et de quelques mélèzes, a indiqué à Keystone-ATS Jean-Marie Putallaz, ingénieur forestier au service valaisan des forêts, des cours d'eau et du paysage. Elle a été choisie notamment pour sa situation, son volume d'arbres sur pied à abattre moins important et parce qu'elle n'a pas de fonction protectrice.

La parcelle mesurant 5000 mètres carrés, soit un demi-hectare, est en quelque sorte mise sous cloche. Elle a été clôturée pour éviter tout dégât causé par la faune. Si on y ajoute la zone tampon dépourvue d'arbres créée hors de la clôture afin d'éviter toute influence extérieure, comme l'ombre de la forêt, la surface totale se monte à 8900 mètres carrés.

648 jeunes arbres

La nouvelle plantation se composera de sapins blancs, de hêtres, de mélèzes, d'épicéas, d'érables de montagne et de tilleuls à petites feuilles. «Le hêtre est une essence présente en aval dans la région jusque vers 1200 mètres d'altitude, mais pas du tout sous le climat très continental des vallées latérales comme Bagnes», précise Jean-Marie Putallaz. Même chose pour le tilleul à petites feuilles, adapté à des altitudes plus basses.

Les 648 jeunes arbres seront plantés en 18 groupes de plantations de 36 plants par groupe. «Les provenances génétiques varient entre les différents plants d'une même essence et au sein d'un même groupe», complète l'ingénieur forestier.

L'objectif est d'étudier la manière dont les arbres se développent et à quel type de dommages ils sont soumis. Mais aussi de découvrir quelles essences conviendront le mieux aux changements climatiques et où celles-ci atteignent leurs limites.

Pour 30 à 50 ans

Le Valais participe au projet via cinq communes: Riddes en 2020, Riederalp et Val de Bagnes en 2021 et bientôt Bratsch et Champéry.

L'investissement pour la mise en place des parcelles et de leur entretien s'élève à 500'000 francs environ. Le montant est financé à hauteur de 40% par la Confédération et 60% par le canton du Valais, précise Jean-Marie Putallaz.

En Suisse, au total 59 sites-tests participent au projet «Plantations expérimentales d'essences d'avenir». A terme, plus de 50'000 petits arbres de 18 variétés différentes y seront plantés.

On y trouvera des essences autochtones comme le sapin, le mélèze, le chêne et le tilleul à petites feuilles, mais aussi des espèces étrangères originaires de régions plus chaudes et sèches comme le noisetier de Byzance, le cèdre de l'Atlas ou le douglas. L'état des plantations sera régulièrement examiné au cours des 30 à 50 prochaines années. Les premiers résultats sont attendus dans cinq ans.